mardi 15 septembre 2009

Nikko, Jobed, Shakespeare et les autres...

La fin de semaine est arrivé à point, après une grosse semaine de détails. Toujours aussi intense comme travail. Je somme les artistes de prendre congé et de se reposer, mais je sens bien que ce discours ne les atteint pas. Ils resteront sans doute encore quelques heures pour repasser les notes données après l'enchaînement de samedi... moi je file. J'ai besoin d'aller voir ailleurs si j'y suis. French way to work my friend. Je sais pas si j'ai raison ou tort, mais je me sauve.
On se lance dans Harajuku, vers un musée d'art contemporain, mais on ne s'y rend pas parce qu'entre la station de métro et le dit musée, il y a 1- du monde, 2- des magasins pas possibles (Harajuku est le quartier des designers) 3- qu'on a faim et 4- du monde. Ce qui fait qu'on met les pieds dans le musée, mais qu'il est déjà l'heure de se rendre au théâtre. Carol, Marc et moi, on va au Kabuki-za. J'y retourne parce que 1- je suis encore fasciné de ce que j'ai vu, 2-je veux le partager et 3- on vient pas au Japon toutes les semaines. La partie auquel on assiste est bien différente de l'autre, plus statique, il y plus de monde alors on est debout, je reste avec et toujours cette impression d'assister à une chose tellement singulière, atypique, et pourtant si appréciée des spectateurs.
La semaine dernière, en mangeant au resto avec Kyoko, on commentait le programme qu'on voyait à la télé (la télé japonaise est aussi très haute en couleurs) et donc, c'était une émission genre Deux filles le matin (sic), avec 6 animateurs qui crient et font des sketchs et ils recevaient un jeune type très branché, dans la vingtaine, les cheveux décolorés, les grosses lunettes, à la mode de 2020, bref, un spécimen japonais comme on les aime... Je demande à Kyoko qui il est pour être reçu sur un plateau de télé pareil. On imagine une star de la pop, ou un acteur dans Vilginie ou Histoiles de files, mais non, c'était un acteur de Kabuki très célèbre. Je me suis étouffé avec mon sushi (parce qu'il y avait trop de wasabi, pas à cause de lui quand même, mais avouez que c'est une belle coïncidence). Je ne m'imaginais pas que les acteurs de ce théâtre était à ce point des stars. C'est sûr que ça change pas la vie de personne d'être vu à ce genre de show télé, mais si ils jugent que ça rejoint leur public, c'est tout de même impressionnant. La culture nippone est très ancrée dans les moeurs et c'est beau de voir que malgré la présence très forte d'un monde commercial puissant et agressant, les formes traditionnelles sont partagées et célébrées.
Dire que le Moulin à paroles est objet de discorde.

Puis, dimanche, on est sorti de la ville. NIKKO. C'est à deux heures de train, on se lève de bonne heure pour cette ville qui, semble-t-il, fait que le Japon est le Japon. C'est un site classé patrimoine culturel par l'Unesco, il regorge de temples bouddhiste et shintoïste allant du plus modeste au plus clinquant. On traverse la ville sur la rue principale pour se rendre à ce parc au pied des montagnes, où l'eau claire coule à flot. On peut d'ailleurs se désaltérer à plusieurs points dans la ville, il y a des buvettes un peu partout, l'eau est fraîche, savoureuse.
Il y a donc plusieurs temples magnifiques, au toitures dorées, beaucoup de touristes, plusieurs qui prient, en groupe, alors qu'on moine leur explique les particularités des lieux. De toutes les beautés comme disait l'autre! Ça fait un bien fou de s'évader de la sorte, de marcher lentement au grand air, sous un soleil presque automnale. On fait des voeux, on se purifie à l'encens, on termine le tout dans les antiquaires, où on trouve de belles affichettes d'autrefois, des meubles, des livres qui dégagent une forte odeur du passé entre chaque pages jaunies...
Élise et moi avons terminé le tout en mangeant un dessert de soya chocolaté dans un petit resto trop mignon. Un régal. Je dis Élise et moi parce que Marc n'était pas là. Il travaillait au montage.
Et Carol non plus n'était pas là.
Et voici pourquoi:
revenons plus tôt dans la journée si vous le voulez bien. On se lève, on va acheter nos billets de train, on se retrouve sur le quai et on attend. On=Élise, Carol et moi. Le train arrive. On embarque. On remonte dans le wagon pour rejoindre nos sièges, Carol est derrière. Il voit que des gens arrivent dans l'autre sens, que l'allée est bloquée. Je l'entends derrière: moi, je vais passer par dehors. J'ai l'impulsion de faire de même, mais je décide de continuer mon chemin. Puis, j'entends: ppssscccchhhhhhhhh. La porte du train qui se ferme.
???
Carol?
Sti, Carol est pas dans le train.
Le train part.
Élise, Carole est pas dans le train.
Quoi?
Regarde!!
Et on voit Carol, sur le quai, son billet dans la bouche, qui hausse les épaules. Il ne viendra jamais à Nikko. Je peux-tu vous dire que j'ai trouvé ça très absurde et très drôle. Toute la journée, on faisait comme si on cherchait Carol et quel ne fut pas mon plaisir le soir venu de rire de lui. Oh que je vais m'en rappeler!
Parlant du soir venu, ce soir là, Jobed (Marie-Josée Bastien) est arrivée. On est allé manger en gang. Soirée boeuf, comme si c'était devenue une tradition de célébrer l'arrivée d'un d'entre nous autour du BBQ-maison, dans une petite pièce privée où il faut enlever ses chaussures. Belle soirée en tout cas, belle journée, belle soirée. Merci Nikko, merci Carol!

Puis, hier, autre journée de congé. Tout le monde est en salle et je ne suis pas requis. Technique. Je vais présenter la ville à Marie-Josée. On se promène, on fait du shopping, du glandage comme on dit, dans Ginza. On cruise chez Sony et finalement on repart avec des écouteurs dernier cri après avoir chanté and the whole world has to answer right now just to tell you once again who's bad*. La boutique Sony, c'est 6 étages de salles de démonstration de produit dernier cri ou à venir. Il y a en effet des articles qui ne sont pas encore sur le marché, mais qu'on peut essayer. En tout cas, mes écouteurs, y sont hallucinants!
Et romantique comme je le suis, j'ai terminé ma soirée, branché, au 17e étage, sur le balcon de ma chambre, à regarder la ville et ses passants, me faisant mon propre vidéo clip dans ma tête, essayant de figer encore et toujours l'impossible étalement urbain de cette mégapole, au rythme affolant des super bass de mes écouteurs et des airs enlevants les plus remplis d'émotions que je peux pitonner sur mon ami Ipod. Je le sais, je suis intense.

Et Shakespeare?
Et bien figurez-vous qu'on a terminé cette journée au Théâtre National de Tokyo pour assister à une représentation de Bunraku:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Bunraku
qui est du théâtre de marionnettes traditionnel. Sur le côté cour, un narrateur et un musicien. Le narrateur a devant lui le texte dans un grand livre sur un socle. Il lit tous les personnages. Et devant nous, ces magnifiques personnages manipulés par trois personnes. Le rideau de scène était blanc crème, sur lequel il y avait de grandes fleurs vertes, elles-mêmes brodées de fil d'or. Au lever, 8 musiciens jouent le bruit de la tempête. Parce que oui, la pièce qu'on y jouait était inspirée de La Tempête de Shakespeare. Le narrateur change au deuxième acte, accompagné cette fois d'un trésor national.
(À ce rythme là je me coucherai jamais, il est minuit douze)
Les japonais ont des trésors nationaux: des monuments, des oeuvres d'art, des objets anciens et aussi des personnes vivantes. Ils nomment un artiste, un scientifique ou autre personnage important, qui devient un trésor. On reconnaît par là sa valeur et son apport à sa société. La personne se voit octroyer de quoi vivre pour toujours et peut continuer à développer son oeuvre, son travail. C'est-ti-pas beau ça? Or, le deuxième acte était accompagné de la musique de ce trésor national (dont je n'ai pu retenir le nom, désolé). Une pièce unique.
Dire que le Moulin à paroles est objet de discorde.
Très beau spectacle. Fascinant. Plus facile à décoder que le Kabuki. Émouvant. La troisième partie, tous les narrateurs se retrouvent ensemble, plus les musiciens. Apothéose. Une autre belle soirée qui se termine autour d'une soupe vietnamienne.
Puis, aujourd'hui, retour au travail, il reste trois jours. Je vais pas tout vous raconter, mais je suis resté en salle 12 heures. Là je vais me coucher.
Demain.
Demain, je verrai si j'ai l'énergie pour tout vous dire.
Encore.
Je vous aime.

Votle dévoué,

Fled.

*en hommage à France et Kathleen à qui je souhaite merde pour sa première ce soir!

Photos:
Détails d'une toiture dorée d'un temple
Frise avec des singes qui n'entendent, ne disent ni ne veulent voir le mal. Nikko.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire