dimanche 12 octobre 2014

Revenir...

...et garder en soi:
la plaisir de voir Cayo et son sourire, le premier jour des répets.
mais aussi entrer dans Tokyo comme dans du beurre
se croire chez soi
comprendre la ville
comprendre mieux la langue
l'essayer parfois
trouver du beurre de peanuts
manger ses toasts pas toastées
voir Shinjuku par la fenêtre
retrouver Ken en Samuel, le trouver bon, meilleur, vieilli,
trouver que ça du bon de vieillir
ne pas se sentir obligé de tout voir tout de suite
penser aux amis, se sentir loin
allonger l'été, mais vraiment,
attendre Simon trop longtemps
se dire qu'il s'est endormi dans le train
avoir raison
trouver ça drôle
savoir qu'il s'est rendu
rencontrer une fille d'Alma
aller dans des théâtres
se sentir comme chez soi là aussi
partout pareil
découvrir encore de quoi de neuf
manger tout le temps bien
tout le temps
entendre le public applaudir Jeanne et Samuel et Victor et Petra
avoir une pensée longue pour Élise
pour Marie Josée.
Prendre un train.
Un autre
Monter des marches
et encore d'autres
Affronter le typhon
Naoshima
Naoshima
Naoshima
Naoshima
Naoshima
Naoshima
Teshima aussi. 
autant de fois. 
Voir le show prendre en maturité
en liberté
sans moi. 
Le laisser aller 
encore. 
encore. 
Kyoko. 
mon amie
mon amie tellement belle, tellement gentille, tellement intelligente. 
Magasiner avec elle. 
Magasiner avec Simon,
le voir découvrir Tokyo. 
Du monde. 
du monde. 
Revenir. 
Revenir encore. 




mercredi 8 octobre 2014

Regards et jeux dans l'espace...

Fuji San avait rien à me dire pour la troisième fois. 
C'était cute la première fois, le monsieur avait dit au guichet du téléphérique: non non vous ne le verrez pas, il est gêné aujourd'hui... 
Là la fille a dit: non non y a des nuages, peut-être après-midi en faisant une face de ouin ben non zezon, y en a rien à cirer de toi le mont Fuji. 
Faque on a fait le tour du lac en bicycle en sachant que le mont fuji était derrière les nuages au bout de la rue pis que sur les cartes postales c'est beau en étole, on a été au Onsen dans la montagne qui offre une vue imprenable sur le mont fuji qu'on n'a pas vu non plus parce que y avait un nuage. Pis on est revenu en espérant voir le mont fuji du train mais ça non plus c'est pas arrivé.  
Non.
Beaucoup de promenade pour pas grand chose sinon un beau lac bien entouré de belles montagnes, mais dans un village bien ordinaire.  Même un peu laid.  Rétro.  On se croirait des fois dans au Japon des années 60 , vintage au maximum, sauf que c'est pas les années 60, avec sa démesure et son opulence et son insouciance surtout. 
J'étais pas là en 1960 mais c'est ça que je pense bon des années 60. 
En tout cas, dans les années 60 on composait des chansons qui disaient: les enfants de l'avenir, ils seront heureux, pis aujourd'hui on écrit, les enfants de l'avenir ils seront dans le rouge
On parle juste de ça de toutes façons. 
Ici aussi l'économie va pas bien. 
Hey une chance qu'on a l'économie pour pas aller bien. 
Parce que je pense qu'on n'aurait pas de raisons de penser que ça va pas bien. 

Je suis de très bonne humeur cela dit. 
J'ai le goût de prendre ce ton là aujourd'hui. 
Ça m'amuse. 

Je pense que je pourrais être nommé mini citoyen de Tokyo sinon. 
Je commence à catcher pas mal comment ça marche tout ça. 
Plus qu'avant.  C'est pas croyable non?  Y en a fallu du temps, mais là je comprends bien je pense. 
Je me sens nettement mieux dans les trains et métros et je sais pas mal tout le temps où je suis pis par où ça se pourrait. 
Je dis bien mini citoyen avec tout ça parce que même les gens d'ici comprennent pas tout et cherchent encore. 
Une chance qu'ils ont des iPhones. 
C'est à se demander comment y faisaient avant pour se trouver. 
Y ont une application pour le métro et les trains qui fait peur. 
Ça leur dit le chemin le moins long ou le moins cher ou le plus efficace compte tenu des circonstances sur le réseau.  Imaginez le métro de Montréal a encore de la misère à gérer 4 lignes. 
Mais qu'est-ce qui se passe au pays du Canada ma foi.  Fatima avait raison. 
Kyoko me disait que les gens se trimbalaient avec des cartes tout le temps. 
C'est bucolique de même de se dire que tu sors pas sans ta carte, chaque jour est un voyage. 
Mais non, je pense pas que ça devait être drôle. 
Mais ton rapport à l'espace et au temps devait être terriblement modifié.  
Encore aujourd'hui avec les machines, alors y a dix ans...  

C'est ce qui me fascine le plus ici. 
Le temps et l'espace. 
Une station à marcher est toujours plus long qu'on pense. 
Et se promener dans la rue ou dans une gare est le meilleur exercice que je pourrais donner à faire à mes étudiants à l'école de théâtre.  Y a une hyper conscience à saisir dans ton quotidien qu'on n'a pas à apprendre chez nous, dans la rue.  Ça se bouscule certes, mais ta situation physique est pas aussi prenante à chaque fois que tu mets les pieds dehors.  Ça demande un effort constant et une relation aux autres autour considérable. 
Tu peux pas juste t'arrêter de marcher.  Tu dois savoir que y a quelqu'un derrière à 99,9% et que la réaction sera automatique. 
Tu dois marcher en trouvant ton chemin et en sachant à peu près ce qui se passe autour et derrière toi. 
Pas le choix.  Tout le temps dès que tu es dans les lieux publiques.  

Mais. 
Et c'est ce qui est beau et étrange et unique dans cette ville. 
C'est qu'au détour d'une rue qu'y a l'air d'une ruelle, silence. 
Plus personne. 
On se croirait à Jonquière. 

On est présentement à 5 minutes de Shinjuku et y a pas un bruit dans la maison. 
Le même bruit de la nuit que quand je suis assis sur ma galerie à Limoilou. 
Rien. 
Mais dans 5 minutes, je peux être dans l'étourderie complète. 
La folie. 
L'empilement. 
De Limoilou à Tokyo en cinq minutes. 

On est allé voir du Kabuki aujourd'hui. 
Une autre affaire. 
La salle est bondée. 
Tous les jours. 
Pour voir une pièce de 1746 (entre autres).
Pas d'effets
Rien. 
Juste ça. 
Dans la présentation sonore qui accompagne le touriste que nous sommes, on explique que le Kabuki n'est pas basé sur l'idée ou le texte, mais sur la beauté.  Que ce n'est pas une représentation, mais une présentation.   Le public et les acteurs, ensemble, savent que ce n'est rien d'autre que présentation, qu'on essaie pas de présenter la réalité...  et tous sont là pour assister à cette histoire avec son code visuel assumé.  Pas le texte en premier, pas l'idée, mais le geste, la communion, la réunion.  
La beauté surtout. 
La beauté d'abord. 
La beauté. 

La beauté. 






lundi 6 octobre 2014

Distances et différences.

Je vous ai pas abandonné. 
Les choses vont si vite. 
L'espace se rétrécit. 
Depuis le retour sur Tokyo, tout a rétrécit soudainement. 
Je ne sais pas si c'est parce que c'est la première fois que je suis loin de Ikebukuro, ce qui n'est pas vrai parce que lors du deuxième voyage, j'avais habité Ueno avec la gang de Karamel.  Mais Ueno c'est vraiment à l'autre bout de la ville. 
Je recommence pour être plus clair. 

Dans Tokyo, y a des villes.  La ville de Shinjuku par exemple.  
La ville de Shibuya. 
On peut aussi dire que c'est des quartiers, mais ils le présentent comme une ville. 
Et la ville est séparée en arrondissements. 
Shinjuku ichichome (ichi veut dire 1)
Shinjuku sanchome (san veut dire 3) (prononcer sannetchomè).
Le 1 est le 1 parce que c'est l'arrondissement le plus proche du Palais impérial qui lui est au centre de la ville de Tokyo.  
D'ailleurs, aucun métro ne passe sous le palais impérial. 
On le voit sur la carte des lignes de métro.  Y a un trou blanc dans le centre. 

Et donc, j'avais toujours été dans Ikebukuro sauf mini exception de Ueno. 
Mais là je suis dans Shinjuku, limite Harajuku que je ne pense pas que ce soit une ville.  Je ne suis pas certain.  Ce que je sais, c'est que nous sommes entre le parc Shinjuku et Yoyogi et que c'est vraiment un coin super pour vivre parce que c'est très central. 

On est dans un apart dans une rue que j'aurais jamais vu autrement. 
Dans Yoyogi que j'avais pas trop arpenté non plus, entre Shinjuku et Harajuku qui sont nettement suffisants pour se perdre deux ou douze jours. 

Bref.
J'ai voulu initier Simon à Tokyo en l'amenant dans Roppongi, là où y a Mori Tower, là où on a une vue magnifique sur la ville et un musée super en extra.  Dans un quartier vraiment grouillant.  À cause et malgré beaucoup d'occidentaux qui y vivent et y travaillent à cause de Mori Tower qui offre des bureaux à des grosses compagnies et des ambassades autour. 
En tout cas, en me situant sur la carte, je me suis dit qu'on pourrait se rendre à pied, que ça avait l'air pas trop loin.  Ça s'est avéré.  Bon, c'est pas 12 minutes, mais pas 6 heures non plus. 
Et c'est là où je voulais en venir: est-ce qu'à force d'arpenter cette ville que je connais de mieux en mieux, l'espace se rétrécit.  Où c'est juste dans ma tête?
Cette mégapole qui compte, avec sa banlieue, plus de monde que le Canada en entier, devient-elle plus accessible à mes yeux? Moins étendue?  Certainement pas!  Je ne me lancerais pas vers une épopée en me disant que je vais déjeuner à l'autre bout de la ville en marchant, question de me faire une santé.  Jamais.  C'est trop labyrinthique, chaotique comme le dit Kyoko.  Mais quand même, y a de quoi qui a changé.  Une habitude qui s'est pris.  Une compréhension qui s'est installée.  Un autre dialogue.  Et le temps, alors, et la relation à l'espace et le déploiement de sa personne sur le territoire semble se modifier.  Comme une manière différente d'habiter ce qui nous habite en dedans, ce que l'on saisit davantage, décode de mieux en mieux.  
C'est beau ça. 
Parce qu'on n'est pas si différent finalement, et tellement proche. Tout ce monde là et nous. Et moi.   
L'espace virtuel, je n'en parle pas. 
C'est effarant. 
L'espace culturel quant à lui, ça effraie. 
Ça choque parfois. 
Pourquoi venir ici, si loin, si de moins en moins d'espace culturel, en dehors de la langue et des habitudes, se trouve entre nous? 
Mais espace culturel n'est pas bon comme terme.  Celui là est encore plutôt grand en effet et c'est même un peu triste de le confondre avec ce qui, en fait, ne serait que l'espace commercial. 
Nous sommes, gens de partout, mélangés dans cet espace qui n'en est plus un. 
Nous consommons les mêmes choses que les japonais. 
Magasinons dans les mêmes commerces. 
Les mêmes lignes. 
Rêvons des mêmes meubles. 
Écoutons la même musique.  Si elle est pop et faites vite, en japonais ou en français, elle est pareille et dans le même code creux. 
Buvons le même café.  Starbuck, je dis pas. 
C'est fou. 
Juste voir les amis nippons sur leur iPhone dans le métro, tous penchés sur Candy crush ou un téléroman probablement plate... et on se dit que Steve Jobs doit bien mourir de rire dans son monde.
Y en a une gang qui a compris comment aplatir tout le reste.  Et ils doivent rire de nous en esti eux autres avec.

Il faut chercher pour trouver ce qui distingue.  Chercher demande de l'effort. 
Sinon, on peut facilement décider de se laisser surprendre par rien et retrouver ses repères.  Aller voir le temple au bout de la rue, le trouver beau, le prendre en photo vite fait pour la modifier rapidement et retourner manger de quoi qui nous mélange pas trop le système. 
C'est pas dur de faire ça. 
C'est même tellement plus difficile, en fait, de trouver l'exception. 
La vraie. 
Et être devant elle tout petit.  
Être devant elle, fragile. 
Presque rien en fait.  
Ce qui fait qu'alors on doit voyager.  Pour vrai. 
En soi. 

Je trouve ça encore dans les musées. 
Et alors je me dis que c'est ça vivre. 
Tiens. 
Et donc que c'est ça comprendre la vie et aussi un peu la mort. 

Je finis pas ça de même. 
Mais je philosophe beaucoup depuis que je suis ici. 
Kyoko habite cette ville depuis toujours.  Elle n'a plus de repères ici.  Elle veut partir.  Elle ne sait pas comment trouver ce qui la distingue. 
Et c'est vrai que ça c'est une tragédie. 
Ne pas savoir ce qui nous distingue. 
Et cette machine qui nous réunit en apparence, elle fait ça finalement: elle nous force à oublier qu'il faut se distinguer. 
Quelle horreur. 
Vivre sans être obligé de trouver l'exception et la distinction. 
Quel piège. 

Je vais aller me coucher je pense. 
Après quelques jours revenus ici. Un typhon.  Et une série de repas gastronomiques à pleurer de bonheur, je voudrais pas vous ennuyer plus que ça. 
Et puis je ne dis rien de nouveau. 
C'est que dans le flot du quotidien, on ressent ça souvent, je ressens ça souvent. Et mon Dieu, je me rends compte que c'est ce qui provoque en moi le plus de vertiges et disons-le d'angoisses. 
Mais je ne le nomme pas comme ça.  Au quotidien. 
Comment faire? 
Chaque jour? 
Comment?
Pour le nommer et le détourner? 
Oh boy. 
Peut-être que demain, Fujisan saura quoi me répondre. 




jeudi 2 octobre 2014

Montée de plaisirs artistiques.

Oh boy. 
Voir en deux jours le plus beau du monde. 
Bon j'exagère. 
Mais dans le palmarès des plus beaux musées du monde, on a topé le #1 et #1 ex-aequo. 
Malade mental. 
Intelligent. 
Sensible. 
Inimitable. 
Naoshima. 
Teshima. 

Ce sont des îles dans le sud de Okayama, qui elle est à une heure d'Osaka vers l'ouest. 
Pour l'histoire rapide, y a un type qui s'appelle Bennesse qu'y a ben de l'argent pis qu'y a acheté des terrains sur l'île de Naoshima avec vue sur le sud (et Matsuyama et les autres îles autour) et qu'y a construit des espaces musée avec l'aide de Tadao Ando, le plus grand des architecte au monde, en tout cas dans mon monde à moi. Et ça donne Bennesse House et Chichu Museum (qui veut dire souterrain).  
Mais toute l'île est habitée de cet esprit artistique. 
En fait, si c'était pas de ses musées, elle serait une ile comme les autres, un beau bourg de pêcheurs, une terre dont on fait le tour rapidement.  
Mais c'est devenu ça, un incontournable.  Toute la gestion des déchets est faite de manière écologique et les gens s'y promènent en bus et en vélo.  Tranquille comme tout. 

La Bennesse House est entourée de trois complexes hôteliers magnifiques aussi, dont les terrains sont gréés d'oeuvres d'art.  On passe d'une plage à une oeuvre, à une colline, à une plage, à une oeuvre. 
On peut y dormir et avoir accès aux musées toute la nuit.  Mais je vous laisse imaginer le prix.   On  n'a pas osé.  On dormait dans la ville en face, Uno, ben ordinaire, mais avec vue sur la mer et la chance incroyable d'être si près de Naoshima et Teshima.  La traversée coûte 6$ aller/retour.  Y a des petits hôtels sur l'île, mais ils étaient no vacancy, comme à Old Orchard quand j'étais petit. 

Juste avant les musées, y a Project Art house.  Dans le village d'entrée, y a des maisons de pêcheurs qui étaient abandonnées.  Bennesse les a achetés et donnés à des artistes pour qu'ils en fassent ce qu'ils voulaient.  Six maisons traditionnelles revampées.   Celle de Tadao Ando vaut le détour.  On entre dans le noir et l'oeuvre se révèle au rythme des yeux qui découvrent l'espace.  Une installation lumineuse simple et combien touchante.  Si c'étaient pas des ti-français qui avaient peur et que leurs parents consolaient pas.   Bon.  
C"est beau de voir tout le monde passer d'une maison à une autre.  
C"est juste beau. 
Des fois, les oeuvres sont simples, douces, en lien avec la nature de la maison. 
Des fois non, ça casse, ça s'impose, ça dénature.  Ça hurle. 
Premier mini orgasme.
On aurait pu s'en aller en disant: oh wow quelle affaire parfaite.  J'aime. 
Mais non. 

On monte vers Bennesse.
La bâtisse. 
Juste la bâtisse, 
Comment vous dire? 
Si un jour j'ai du cash, je me fais construire une maison par lui. 
Fait cocasse: on s'était inspiré de lui pour créer le décor de La famille se crée en copulant à l'UQAM. 
La salle centrale est une rotonde de quoi? 20 mètres de haut?  Une seule oeuvre dans le centre.  On monte ou descend par une passerelle, y a un escalier juste pour multiplier les points de vue qui mène nulle part. 
Trois chaises.  
Une fenêtre au deuxième. 
Une porte en bas, une en haut de la passerelle.  
Ça se dit pas. 
En tout, y a quoi, 15 oeuvres dans le musée?  L'espace est au centre de tout.  Une cour extérieure fermée, avec deux grandes pierres blanches sur lesquelles on se couche pour regarder le ciel, encadré des murs qui montent de deux étages.  
Sinon, la vue sur la mer, puisque nous sommes presque au point le plus haut de l'île. 
Orgasme numéro 2. 
Dire qu'on pensait que c'était ça. 

Chichu était fermé, on a dû revenir le lendemain.  
On savait pas si on allait avoir le temps. 
Mais le temps a été bon pour nous.  
Partis tôt ce matin, on a repris la route et la vague, vers Naoshima. 
Pour voir donc Chichu. 

De l'extérieur, vous ne verrez jamais le musée. 
Et de l'intérieur, vous ne verrez jamais l'extérieur sinon le ciel. 
Quatre artistes seulement, dont Ando et son espace en soi. Qui est une merveille, la huitième. 
Je ne sais pas comment vous dire. 
Je ne sais pas. 
L'éclairage est tout naturel et donc se déplace avec le soleil.  Les couloirs sont plongés dans une pénombre certaine.  Mais les salle d'expos sont belles, grandes.  On entre dans les oeuvres parfois et pis même quand ce sont des toiles de Monet qui sont grandes et dans des espaces si intelligents, qu'on a l'impression en avançant vers elles, d'entrer dedans aussi. 
Je ne sais pas comment vous dire. 
Le café est une oeuvre d'art. 
C'est tout dire. 

Et comme je vous disais, le temps a été bon, mais la température aussi.  Il pleuvait sur le Japon sauf là et les nuages et le soleil étaient juste parfaits pour nourrir ces oeuvres de génie. Lieu compris. 
Et on a eu le temps de se rendre au Musée d'art de Teshima, île juste à coté. 

Une autre affaire pas de rapport. 
Juché sur une colline verdoyante, luxuriante, juste à coté d'une rizière, l'espace est cerné d'un trottoir de béton.  On fait un tour en forêt, on peut voir la mer et le port en bas.  Puis, on entre dans une goutte d'eau blanche, de dehors on dirait le pays des Teletubbies, mais mon Dieu que c'est réducteur.  
C'est immense, c'est blanc et tout de courbe.  Juste l'espace vaut le détour.  Y deux trous de forme ovale qui donnent vers le ciel. 
Et au sol, on pense qu'il a plu parce qu'il y a de l'eau, des flaques ci et là.  Mais non.  C'est ça l'affaire.  De minuscules minuscules trous, de l'eau sort goutte à goutte et crée des gouttes plus grosses qui glissent vers des endroits plus creux.  Forment des petites mares.  On les contourne, on les suit.  On les entend couler dans d'autres trous, comme des petites petites chutes.   
La montée orgasmique de cette journée atteignait alors des sommets d'émotions. 

Je n'ai jamais rien vu de tel. 
Jamais. 

Sinon, les Hawks ont gagné la saison de baseball. 
Pis ben le Shinkansen a 50 ans aujourd'hui. 
50 ANS. 
1964, le Japon se dotait du Shinakansen, la 20 existait même pas pis on a encore un train qui s'arrête pour laisser passer les trains de marchandise.  Dieu merci, astheure y est à l'heure la plupart du temps. 

Hey bye. 




lundi 29 septembre 2014

La verticalité architecturale et/ou l'oursin dans la gueule... (descendre pour remonter)

Osaka.
Sous plusieurs coutures.
Elle se révèle doucement.
Il faut faire le tour plusieurs fois avant de voir, comprendre.  Comme son loop.
C'est pas Tokyo.  C'est pas Kyoto.
C'est Osaka.
Mais on finit par voir les moments forts.
Le château.  Au centre d'un parc magnifique.
Le château refait à l'intérieur, mais de toute beauté dehors.
On est allé à la plus grande roue au monde aussi.
Où Simon a combattu son vertige pour voir le soleil se coucher sur Kobe au bout du port.
La verticalité est chose commune ici.
Tout est en hauteur.
Il faut lever la tête. Et il faut monter pour voir.
La verticalité qui dévoile encore plus l'immensité, l'étendu.
Mais quand on y repense, le château vu le matin même, construit quelques années après la fondation de Québec, est aussi fait par palier, en hauteur.  Est-ce historique...?  Je ne pense pas.
Je ne pense pas que ma théorie tienne la route, bien sûr qu'un château assailli par des terribles samouraïs en furie a tout intérêt à être haut.
Cependant, y a pas d'intérêt de survie de monter à 173m d'un building ou dans une grande roue.  Ça sert à rien. C'est beau en ta..  mais ça sert à rien.
Mais quand on est autant qu'on est ici, on monte tout parce qu'y a des limites à s'étendre.
Alors on monte.  Ou on creuse.
Mais bref, la verticalité est chose du quotidien, on monte beaucoup de marche.
On en fait même une comptine.
Vous souvenez vous de la pub de Esso faite par RBO, y disait: lavez les vitres vite vite, laaaaavez les vitres. 
Nous on dit: monter des marches marches marches, monter des maaaarches. 
Après la comptine de 2009 de Marie Josée sur Kanazawa et Potatornado en 2012 de je-sais-pas-qui, voici donc Monter les marches, marches marches... 

Aujourd'hui, Kyoto, prise III pour moi.
Mais on a trouvé le tour de voir des temples que j'avais jamais vus.
Inari temple, avec ses 4 km de sentiers qui montent pour faire changement.  Le chemin est sous un corridor de portes de temples oranges.
Je l'avais vu sur des photos, j'ai souvent pensé tombé dessus par hasard, mais non, y a fallu 3 fois pour le voir.  Et y est beau beau beau.
Puis, le Kiyomizu-dera.  Classé patrimoine mondial de l'Unesco.  J'étais allé à la porte avec Marie Josée la première fois, mais là on est entré.  C'est que normalement on commence par là alors on se dit:  bah là je vais en voir 3000 pendant la journée, je rentrerai pas dans lui.  Mais là on a finit là, en pensant qu'on retournerait pas à Kyoto...   mais non... on l'a vu pis on est content.

Sinon, ben on a mangé comme des rois, comme toujours.  Retourné dans le bouiboui qui sert des crêpes garni de je ne sais pas combien de choses.  Mais c'est très bon.
Puis, ce soir, encore, un paradis gastronomique.  Mais c'est pas dur, on mange toujours bien.
Sauf hier tiens...  un bémol: le sashimi à l'oursin cru.
Non mais tsé, y a des choses qu'on n'est pas obligé de faire dans la vie, comme se mettre ça dans la gueule.  J'ai attendu de voir la face de Simon (pis j'en parle, le coeur me lève), y était pas sûr.   J'ai goûté à mon tour. Et très vite, on a affirmé que ça nous roulait dans la gueule et puis l'arrière goût.  L'arrière goût qui remonte dans le nez pendant trop longtemps.  Personne ne me convaincra que ça vaut la peine de réessayer.  Personne. PERSONNE.
Simon m'a dit aujourd'hui que si y avait vu ma face changer avant de goûter, il aurait peut-être pas essayé.  QUOI? Haute trahison.  Je l'ai suivi, moi.  J'ai accompagné son malheur gustatif.
Mais non, moi, il m'aurait abandonné.
On apprend beaucoup sur les autres en voyageant.  beaucoup.
On est vite mis devant une réalité qu'on connaît peu chez nous.

J'ai souffert l'oursin cru par compassion.
Malgré la mâchoire qui se détachait pour faire tourner ce qui ne voulait pas se mâcher.
Malgré les yeux. Malgré le haut le coeur.
J'ai suivi.

Je suis ébaubi.



samedi 27 septembre 2014

Connaissez-vous Mishima?

Bon.
Simon est arrivé.
Je l'attendais pour 20h.
J'ai attendu.
Je me suis demandé ce qui se passait.
J'ai texté.
Et aussi avec Kyoko qui m'aidait avec les horaires de train, des fois que j'avais pas vu la bonne affaire.
Mon cell est mort.
J'ai attendu, attendu, fait des suppositions dont une qui s'est avéré:
quand tu quittes l'aéroport vers le centre ville, même avec le train, ça prend au moins 1h30, pour Ikebukuro, 1h45.
Il est donc possible qu'après une série de vols et de déplacements de 24 heures, tu t'endormes dans le train.
Et c'est ce qui est arrivé.
Simon a passé tout droit.  Il a fini pas se réveiller au terminus et comme un chef, il est revenu sur ses pas.  Ce qui n'est pas mince tâche quand tu mets les pieds pour la première fois dans le réseau des métro et des trains de Tokyo. Bravo.

On s'est finalement retrouvé  tel que convenu.

Et voilà.  La route en terre japonaise est maintenant partagée.
Et dès le lendemain, après avoir arpenté les rues d'Ikebukuro question d'introduire un peu Simon à ce que le Japon a de particulier et au plaisir d'être dans le milieu de tant de monde, après ça donc, après avoir échangé notre JR rail pass, qui nous donne droit à un réseau sur rails hallucinant, après tout ça on est allé prendre un train pour Osaka, tel que convenu.
On a triché en sautant dans le Nozomi, qui va un peu plus vite et qu'on peut pas prendre avec nos passes et on s'est fait prendre, mais c'est si bon de jouer les innocents quand ton interlocuteur est même pas capable de dire : " no possible nozomi no" en ayant l'air cohérent.  Ça finit toujours par un sourire et finalement par un: "Nagoya next change".
Tu peux pas jouer les caves trop trop alors c'est ce qu'on a fait, on a transféré pour un Shinkansen plus lent (??!??) à Nagoya.  Et pis bout de ciarge, on est arrivé en avance au point de rendez-vous pour avoir les clés de notre apart avec terrasse sur le toit.
Oui bon, ça fait cute de même pis ben jet-set, mais c'est un ti apart dans un quartier ordinaire pis la terrasse est....  sur le toit.  On est dans une rue weird mais on s'en fout.  L'apart est vraiment bien, on a tout, pis on peut se laisser trainer.  Et on a été accueilli par Fumisan avec beaucoup de gentillesse.

Bref, on est à Osaka.

On a marché toute la journée aujourd'hui.  On est pas mal certain d'avoir croisé 1 million de personnes et j'exagère pas.
On a erré au gré des rues, ruelles, et grande largeur (je n'expliquerai pas ce terme en italique, ceux qui veulent savoir me le demanderont).
Le centre centre d'Osaka est vraiment beau.  Autour, c'est portuaire, plus bum que Tokyo, moins fluide.  Moins raffiné, Steve.  Mais le centre est vraiment bien.

Puis, on s'est rendu en banlieue pour voir La librairie.
À Takarazuka.  C'est le nom de la ville mais aussi du théâtre et de la compagnie qui s'y produit à l'année. C'est du théâtre exclusivement joué par des femmes, le calque inversé du Kabuki.  Ce théâtre fête ses 100 ans cette année.  Apparemment, on reconnaît le style de jeu de la compagnie, qui forme et emploie ses actrices et pas rien qu'un peu. Kayosan (Jeanne) vient de cette école/compagnie.
https://kageki.hankyu.co.jp/english/tg_stage.html pour les curieux.
Le théâtre est immense, et le hall principal vide (ce qui est rare) s'est soudainement rempli des 3000 spectateurs qui sortaient de la représentation.  On aurait dit que le tuyau avait pété.  Ça sortait de partout.
Y avait 100 personnes pour voir La librairie sinon.  Enthousiastes. Et le show était très bon.  J'étais très content enfin.  Il semble que tout se soit placé.  La nervosité est tombé, tout le monde est heureux.
On jouait pas dans la grande salle là, mais quand même dans un très bel endroit, la salle secondaire de et j'avoue que j'étais fier de nous, de nous savoir là.  Quand même, dans une des plus grandes institutions du Japon.
J'avais pas réalisé ça avant de me retrouver assis devant le magnifique rideau dur peint avec des fleurs.
Ouf.
Pis là ben je me couche.
Ça fera.

 

mercredi 24 septembre 2014

Finir dans les musées.

Hier était jour de première à Saitama, environ à 30 minutes en train du centre-ville, en banlieue, même si j'ai jamais vraiment eu l'impression de quitter la ville.

Avant hier avait été jour de congé.  Bien mérité vu que depuis mon arrivée, je n'avais pas eu 12 heures en ligne pour rien faire sinon dormir et les premières nuits ont été difficiles.  Ton corps comprend pus rien et les fins d'après midi sont mortelles.

Bref, mardi, journée de congé et balade en ville avec Kyoko (la traductrice du spectacle) (surtout grande amie).  On s'est mis à jour sur les deux dernières années et après on a flâné dans Shinjuku, les rues étaient fermées aux automobilistes pour une journée férié, mais Kyoko savait pas laquelle.
La semaine passée était la semaine des ainés.  Et pas juste comme la semaine des ainés ou la semaine de la lecture ou autre semaine...  Non.  La vraie semaine des ainés.  Par exemple, ils payent pas pour aller dans les musées.
Bref, on a pensé que c'était la dernière journée de la semaine des ainés.

Hier donc, jour de première.
J'avais une nouvelle traductrice, une québécoise qui vit ici depuis 15 ans.  Christine.  Née le même jour que moi, mais 4 ans plus tôt.  Incroyable. Elle vient d'Alma.  Tsé!!!

Une fille très sympa qui connaissait le projet et l'équipe.  Elle est donc venu me chercher à l'hôtel et on a filé vers la banlieue pour se rendre dans ce magnifique théâtre où performent de grands artistes japonais et internationaux.   Le hall est splendide, la rotonde au centre aussi.  Les murs vibrent et les photos de productions antérieures sont magnifiques.  On y joue un Shakespeare chaque année.

Le théâtre est dirigé par un monsieur de 76 ans...  ce qui démontre bien que la transmission n'est pas non plus réglé dans le monde nippon et que finalement, on dirait que c'est partout pareil (elle était trop facile celle-là mais je pouvais pas pas la faire) (et puis Christine me disait qu'en effet, la situation est la même).  Ooooh c'est pas gentil de dire ça quand c'est la semaine des ainés... je sais.

On est arrivé, les acteurs étaient déjà en train de travailler avec Kame-san, ils regardaient des éclairages, fort plus intéressants que l'avant veille à la générale, l'ambiance était détendue.
Ça riait.  On a donc repassé le show et ajuster quelques détails de position.  La salle où on joue est de toutes les beautés.  À l'élisabéthaine.  Un truc bien foutu.  Quand on se tient sur scène, le rapport avec le public est magnifique.
J'ai donné un petit cadeau à mes beaux acteurs.

Parce que hier matin, j'ai eu le temps d'aller me revirer dans Chiyoda.  Suis allé voir Maach Ecute, qui est une ancienne gare de train du début du siècle transformée en petits commerces de meubles, en café et resto.  C'est comme le High Line de New York, mais à l'envers, c'est-à-dire qu'on est sous le rail.  C'est magnifique.  Perle que j'aurais jamais trouvé, un peu reculé, pas touristique du tout.  Je suis donc allé prendre le café là hier matin et acheté des petits cadeaux: des pins à l'effigie des personnages de la pièce.  Minuscules, super belles.
En échange, j'ai reçu un tissu pour emballer des cadeaux ou faire un sac portatif.  Un truc artisanal. Je suis choyé.

Le public est arrivé.
Salle bien remplie.

Le show a eu lieu, avec quelques faiblesses dûes à la nervosité.  Quelques longueurs, mais tout ça s'ajuste.  Y avait un Q&A après, les gens donnent des commentaires très intéressants.
C'est fou vraiment.  Je reviens souvent avec ça, mais je pense que j'en reviens pas pour vrai à quel point c'est fou.  On a fait ça en 2003 dans un local à Québec.  On a eu ces idées là et 11 ans plus tard, y a des japonais qui applaudissent, qui aiment ça.  Qui s'y retrouvent.  C'est fou la sensation je vous dis.  Y a de quoi de grand qui nous lie.  Je suis pastoral peut-être, mais ce sentiment là est fort.  Troublant.

On se démène sans cesse à faire ce métier.  On cherche du sens.  On fait des bons coups, des moyens, des mauvais.  On essaie.  Y a du monde, y en a pas.  On est perdu dans une marée de préoccupations, on gère, on stress, on cherche, on cherche.  On est bien seul dans le processus, même si on est une gang, les processus sont des grands moments de solitude.  On repasse dans des chemins qu'on connaît, on les redécouvre, on les valide, les revalide, on vieillit, on s'étonne, se surprend, des fois pas.  On angoisse.  Mon Dieu qu'on angoisse. On sait plus trop pourquoi.  On touche soudain la grâce.  On sait plus trop pourquoi non plus. On se compare.  On se console. On s'élève, on se perd.  On se fait dire à outrance que ça sert à rien en tabarnac.  On le croit.  On se fait juger, critiquer, on est soumis à trop de regard, mais on en veut encore.  On espère plus.  On angoisse.  On veut ça limpide, on angoisse.  On rit.  On est certain de notre affaire, puis ça glisse.  On est pas sûr et ça arrive.

On arrive ici à l'autre bout du monde.  
Ça a l'air tellement simple.

Mais va falloir recommencer.

Le théâtre, c'est créer des familles qui disparaissent, qui s'évaporent.
Ça fait toujours un peu mal.
Surtout parce que quand ça se passe, c'est fou ce que ça fait.
Ça fait mal.
Et vraiment du bien.


Pis la dernière affaire qu'on apprend avec tout ça, c'est qu'on peut aller dans les musées gratuitement.
(Mouahhahhaaaaa)