dimanche 29 juillet 2012

Liste

Pas de siège dans l'avion
L'arrivée en taxi
Le temple des sangliers, le premier
La recherche d'une épicerie
Balades à vélo
La crêpe étrange
La chaleur
Les parapluies
Les signes
Mort/vivant
Potatornado
Le chemin de la philosophie
Dormir sur la plage
Les daims
Le temple de Nara
Le train local
Karamel
Le café à côté
La ride de taxi à 50 dollars pour rien
Mijayima (je pense c'est ça le nom)
Hiroshima
L'art brut
Le boeuf de Kobe
La madame d'Osaka
La coupe de cheveux
Otsu
Non, pas Otsu
Retrouver Harajuku
Ebisu
La madame qui pleure
Le baseball
Les vues d'en haut
Les restaurants en bas
Le marché de poisson en clandestin
Passer la soirée avec Kyoko et les amis
Chanter au Karaoke
Faire du jogging en écoutant Avec pas d'casques
Retrouver Ikebukuro
Découvrir Ikebukuro
Retrouver l'équipe de Bukkushuppu
Roppongi, toujours.
Kichijoji, nouveau quartier
La maison Muji
Hyatt
La soirée sur le toit
La manifestation anti-nucléaire
La chaleur
Le départ, encore.




samedi 28 juillet 2012

Les fleurs de feu

Je vais essayer de faire un retour sur les deux derniers jours
qui ont été remplis de trucs que je ne pensais pas faire ici.
Tout ça a commencé par une invitation à souper
vendredi soir.
En fait, on était supposé, Kyoko et moi, aller à la manifestation contre l'énergie nucléaire qui a lieu tous les vendredis, mais allez savoir pourquoi, cette semaine, elle a lieu aujourd'hui et bon, on essaiera d'y aller.  Bref, on n'avait plus rien à faire et finalement, je me suis dit qu'une bonne bouffe faisait l'affaire et que comme Kyoko connaît des places que je ne connais pas, c'est le moment d'en profiter.  Aussi, parce que sinon on serait aller bourlinguer dans les magasins vu que, et elle et moi, on aime ça.  Et qu'aussi je pense que j'ai vu tous les musées de cette ville sauf deux parce que l'expo me tentait pas.  Aussi, parce qu'il fait très chaud et c'est pas une bonne idée de partir à l'aventure comme des fous.
Bref, on est allé manger.
Et ce fut réussi.
Le boeuf japonais.
Le boeuf japonais.
Suffit de le dire pour que l'impact ait lieu.
Sauf que les desserts étaient pas super. 
Alors, on est allé au Hyatt Hôtel. 
Toujours dans Shinjuku. 
Le resto est au 54e. 
Et c'est là qu'ils ont tourné Lost in translation: http://www.youtube.com/watch?v=sU0oZsqeG_s
Et les desserts sont bons en pas pour rire. 
On en a pris trois. 
Milles-feuilles vanille
Tarte à la pêche 
et une autre affaire fluffy (et c'est pas poli de l'appeler l'"autre affaire"). J'ai pensé à Steve.
La vue sur la ville est magnifique parce que c'est la nuit. Parce que nous sommes dans les seuls buildings en hauteur de la ville, sauf exception. Parce que l'ambiance est parfaite aussi et que l'ambiance en-dedans donne du mieux à la vue. L'hôtel est une oeuvre d'art. Heureusement que je ne bois pas, je pense que j'aurais pris une bouteille du meilleur whisky. 



Bon.  Le lendemain, c'est à dire hier. 
Journée fashion. 
Ben c'est que l'autre fois, on a fait les fous chez Isetan et je vous ai parlé que nous avons essayé du linge des grandes marques, chose que vous ne devriez pas essayer.  Et on a essayé du Issaye Miyake, grand designer japonais.  
Et on a eu du plaisir.  Mais en rentrant ce soir là, Kyoko m'écrit et m'annonce qu'elle est une mauvais amie parce que sa mère a reçu une invitation pour une vente trottoir réservé, une vente de fin de collection de Issaye Miyake toujours et que ça a lieu ce samedi et qu'elle peut inviter du monde dont des étrangers et donc, que si ça me tentait, j'étais le bienvenu.  Juste pour vivre de quoi d'unique, j'ai dit oui.  
Belle expérience.  Ça fait pas autant d'effet que trois gâteux magnifiques, mais y a des choses pas pires. Entre autres des ventes de sample, des trucs de défilé que jamais tu verras en magasin et c'est beau de voir les filles et les gars essayer tout ça dans un joyeux bordel dans une bâtisse perdue.  Je ne vous dit pas si j'ai acheté de quoi... 
J'ai pensé à Jobed qui m'a fait connaître le designer y a trois ans alors qu'on marchait dans Harajuku.
Oh! Je ne vous ai pas parlé de la maman de Kyoko, belle dame âgée et noble qui m'a payé le resto dans un endroit où on voyait la mer.  C'est tellement étrange de soudainement voir une fin à cette ville qui a l'air elle-même d'un océan.

Et puis, pour rester dans le thème, je suis aller au MOT, Modern Museum of contemporary art dans l'après midi pour voir une expo qui ouvrait la journée même, sur les 30 dernières années en mode au Japon.  C'est quasiment une expo de costumes de théâtre au croisement de la Ribouldingue et de Star Wars.  Des trucs magnifiques.  Je vous mets le lien:
http://www.mot-art-museum.jp/eng/2012/fashion/index.html.  
Le musée est tellement beau de toute façon.  Juste ça vaut le détour et parlant de détour, ça m'évitait d'en faire un puisque le reste de la soirée se passait dans le coin. 

Je vous avais dit pour les feux d'artifice.
Hier, y avait une soirée de feux d'artifice.  Et j'avais lu que c'était une soirée immense, un espèce de truc qui dure 1h30 sur la rivière, dans l'est de la ville.  Un petit rassemblement d'au moins 250 000 personnes.  Les gens s'habillent en costume traditionnel et ça pète.  Je suis pas tant que ça fan de feux mais je me disais que le bain de foule pouvait être plaisant.  J'ai parlé de ça à Kyoko y a trois semaines, de même.  Elle me dit, "ouais ok on fait ça", mais on va pas dans la foule, j'ai un ami qui fait un souper sur le toit chez lui, une soirée spéciale, on amène 10$ et on se sert.  Je me dis que c'est parfait.  Qu'en fait d'expérience, c'était bien, le type est photographe, il parle anglais.  Sa famille sera là.  Et bien sa famille et tout le quartier pour dire vrai.
Je me suis retrouvé dans une fête de famille et d'amis. Sur le toit, vue sur le quartier, sur les autres toits, où tout le monde se rassemble pour les feux.  Ça mange, ça boit, ça rigole.  Go, le fils du photographe, s'est marié la semaine dernière: belle raison de trinquer.  Ça pète au loin.  La bouffe est bonne et y a du Ginger ale.  J'ai l'impression d'être dans un film français, ou parfois d'Almodovar...  un truc irréel, il fait chaud, mais y a du vent et au loin des éclairs, qui répondent au fleurs de feu. Parce qu'un feu d'artifice ici, c'est hanabi.  Hana: fleur.  Bi: feu.  Pas d'artifice.

Je m'évade dans mes pensées.  Je rentre dans deux jours.  Le travaiiiiiil, la vie, les comptes.  Kyoko me dit de pas y penser.  Y a un kid de 2 ans qui vient me voir pour me parler.  Enfin, quelqu'un qui sait autant de mots que moi.  Et puis, tour de table, tout le monde doit se présenter.  Je me lance en japonais, ce qui me vaut une ovation.  On joue au bingo aussi (sic).  Y a des cadeaux pour tout le monde (on est au moins 30), le photographe me donne un DVD de son dernier voyage au Viet Nam. Tout le monde me dit que le Canada c'est beau.  Certains sont venus à Toronto.  Je replonge dans mes pensées.  Ah Toronto!

Je vous ai pas dit.  Mais dans ce deux jours d'activités de choses folles et nouvelles, j'ai eu droit à un tremblement de terre.  Alors: je suis couché, je lis.  Soudain, ça fait, ccrrrrrccrrrr dans les murs.  Je me demande ce qui se passe.  Et là, comme sur un bateau, la chambre se met à tanguer avec un tout petit tout petit bruit de fond sourd.  Et ça recraque un peu.  On m'avait averti qu'au 17e, ça se balancerait.  Ça s'est balancé.  J'ai confirmé avec Kyoko, elle a dit que oui, ça avait tremblé.  Un truc de 5 quelque chose.  

Dernier enchaînement tout à l'heure.
Après, un verre et je vais m'évader pour la manif je pense.  Question de me remettre dans le bain.  Demain, tentative de fermer ma valise et hop!  Je veux pas partir.  Mais il faut.  Y a tout ce qui tombe qui arrive.  Et vous sûrement.  J'ai le coeur gros.
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lundi 23 juillet 2012

sur les distances et l'espace et le temps qu'il faut pour se rendre quelque part

La ville devient de plus en petite.
Je m'efforce de ne pas reprendre les mêmes rues
de ne pas entrer dans les mêmes endroits et quand même
la ville devient plus petite.

de la maison, je vois loin.
je vois très bien Shinjuku
je vois très bien les deux grandes tours de Roppongi
je vois Ginza, Tokyo (le quartier)

souvent, quand y a un plan de la ville à la sortie des métros
même si je n'ai pas besoin de regarder où je suis
je prends le temps d'évaluer l'étendue des choses
de voir ce qui se cache peut-être

et ça, c'est sans parler de ce qu'il y a en-dessous
aujourd'hui, Kyoko m'avait donné rendez-vous chez Isetan
dans Shinjuku sanchome
elle m'avait donné les indications.
alors qu'on mangeait paisiblement comme deux bourgeois
au sommet du magasin
je me suis rendu compte que je n'avais pas mis le pied dehors
sauf pour traverser la rue pour aller prendre le métro.

on s'est laissé dans la partie ouest de la ville et je suis retourné (Ô surprise) dans Harajuku
pour quelques cadeaux à ne pas oublier
je suis allé à Spiral Building prendre le thé
et j'ai pris un boulevard que je n'avais jamais descendu vers Shibuya.
je suis entré dans un autre magasin de 11 étages que j'avais remarqué la semaine passée
et en haut, sous le toit de verre, y a un théâtre de 1800 places (!!!)
et un espace de rassemblement pour jeunes branchés qui veulent partager des espaces de travail
des salles de réunions, des bureaux
des locaux
et y a une galerie
toute petite
et y avait une exposition de quelques oeuvres de David Lynch
qui soit dit en passant sont très réussies
et toute aussi angoissantes que les heures que j'ai passées devant Twin Peaks y a de cela quelques années.
alors sous la terre, au-dessus, des allées, des galeries,
bien des espaces qu'on ne verra jamais.

et mon problème de voyageur, c'est qu'à chaque fois que je prends une rue
je regrette celle que je n'ai pas pris.
et quand je veux trop aller voir
la plupart du temps, je me trompe.

et la ville semble plus petite.
je ne me suis jamais senti pas chez moi ici.
je ne me suis jamais senti loin.
je suis pour les villes
je suis pour les foules
je suis pour les détours
(je ne penserais certainement pas ça au quotidien bien sûr).

ce que j'aime des grandes villes, c'est qu'on peut facilement trouver tout son contentement autour de soi et pas trop bouger
mais savoir que pas si loin, y a d'autres choses.
c'est ça surtout qu'il me faut
ce foutu besoin de savoir que je peux aller ailleurs
et vite.
que je peux changer
que ça peut changer.

Journée de congé aujourd'hui.
déjà terminée maintenant.
les trois premiers jours de travail ont été intenses.
la première journée difficile même
je travaille avec un nouvel interprète de 23 ans.
ajustement à tous niveaux
deux nouveaux comédiens
la gêne japonaise
la politesse qui étouffe quand même un peu les élans
puis, on a commencé à trouver
à se parler
à se faire des bruits pour se comprendre
et on se comprend des fois plus vite que si nous avions parlé
c'est de même

ça va faire dix ans que je travaille la librairie
on l'avait créé en 2003 mais y avait eu un an de laboratoire
avant
et donc, ça fait dix ans que je fouille dans ses racoins
dix ans que je vis avec jeanne et ses fantômes.
c'est fou quand même
et on trouve encore des trucs
à cause de la langue qui change
de l'état dans lequel on est
de ce qu'on surprend soudain dans le bas d'une page
comme si on l'avait jamais lu

cayo est magnifique
elle fait une jeanne
unique
elle ne cherche pas
elle vit avec
c'est juste beau.
on ne se parle pas elle et moi
on se fait des sourires
on est gêné encore
elle dit deux mots en français: c'est bon
je pense qu'elle rit de moi un peu
gentiment
elle finit mes phrases pouvez-vous croire?
je commence une note et elle voit qu'on cherche les mots et elle prend le relai et je sais qu'elle dit la bonne affaire.

la ville est plus petite
l'espace m'appartient de plus en plus et les distances sont moins grandes
et avec cayo c'est pareil
et on ne s'est jamais rien dit
sur nous

le ciel dégagé de la nuit est magnifique ce soir
bonsoir

jeudi 19 juillet 2012

Encore le sens des mots (and she said yes)

Quand on se retrouve seul après une épopée de trois semaines en compagnie de personnalités toutes un peu cinglées, en tout cas colorées, allant de l'ingénieur à l'ado roux, c'est comme un peu la fin d'un party quand la police sonne à la porte.  Ça déchante vite pas mal.  

J'ai d'abord dû déménager du quartier où nous étions (qui n'était pas le plus reluisant disons-le) pour revenir sur mes anciennes traces d'il y a trois ans: Ikebukuro.  Quartier populaire vu son immense station de trains et de métros, lieu de transition entre la ville et ses banlieues, autrement pas grand chose à voir sinon des magasins pour faire changement et rien de plus.  J'ai quand même retrouvé avec bonheur l'étage B2 de Tobu et ses allées de comptoirs alimentaires bien utiles quand on veut pas se taper une bouffe tu-seul au restaurant.  Avant goût donc du plaisir que j'aurai à transporter ma valise le jour du départ, passant d'une gare à une autre dans la foule et les escaliers et la foule et les escaliers.  Bonheur. 
Je suis donc de retour dans la même bâtisse, le Duplex, au même étage, le 17e, avec vue imprenable sur Shinjuku, Roppongi et Ginza quand on étire le cou vers la gauche.  Je sais qu'au 19e on peut voir Fuji-san, mais tant pis, ce sera pour une autre fois le vieux. 
Je suis donc de retour dans mes habitudes, connaissant les environs, les raccourcis, les bons coups, et les moins bons, les Starbucks (pour internet quand on veut pas passer la soirée enfermé) et les entrées et les sorties du JR.  Je connais même un train qui saute des stations et qui m'amène à Shibuya en 2 temps, en 12 minutes plutôt que 25.  Pas pire hein!

Je me suis donc téléporté ici et j'ai fait du lavage et je me suis vraiment convaincu de pas bouger une journée.  Ce qui n'a pas fonctionné.  J'ai passé presque toute la journée sans me déplacer, ce qui est presqu'un exploit.  Mais bon, avec mon train qui saute des stations, on peut dire que j'ai presque réussi.  Non?  Je suis allé pour aller au cinéma, mais le site internet du Time Out Tokyo est probablement ce qui a de plus désuet comme ressource et je me suis (encore) fait avoir. Que des films en japonais.  Non merci pour là.  

J'ai donc déambulé, fini dans une petite galerie et librairie dans le sous-sol du Parco (centre d'achat)... un lieu que je connaissais et que j'étais content de revoir... mille surprises.  (Avec Kyoko, on a confirmé cette tendance très concrète de la vie au sous-sol.  On a mangé avec elle dans un super resto entre deux stations de métro dans le sous-sol d'un magasin, personne ne le croyait. Ce soir, je viens de souper au huitième étage du magasin Lumine en face de chez nous... et c'était savoureux.  Un tempura de grande classe).
J'ai ensuite replongé dans la folie de Shibuya pour finir tranquillement dans d'autres rues méconnues de Harajuku.  C'est juste beau.  C'est juste ça.  
Je pense que je vais ouvrir un resto de bouffe québécoise dans Harajuku, ça marcherait.  Poutine délicate, le nom du resto, et je vous jure que ce serait pas surprenant comme nom quand on voit ici toutes les affiches aux noms français et qu'y ont juste pas de bon sens: Le magasin de l'herbe étant un des meilleur exemple...
Bref, journée seul à retrouver un rythme normal si on peut dire.

Puis, mardi, j'ai assisté à une lecture de la pièce.  Kyoko m'a dit aujourd'hui qu'ils pensaient que je passerais dire bonjour et partir.  Je suis resté tout l'après-midi entendre deux lectures, sans interprète. Je n'ai rien à ajouter sinon mon dernier blog. 

Puis hier, découverte.  À quelque stations vers l'est de Shinjuku, mais encore dans la folie de l'étalement de la ville, il y a un quartier dont j'avais lu le plus grand bien que je suis allé voir: Kichijoji.  À mi-chemin entre certains quartiers tranquilles de Kyoto, les rues marchandes d'Hiroshima, Harajuku si on est à l'est de la gare et du parc Yoyogi.  Il y a en effet un magnifique parc le long d'un étang qui nous fait oublier la ville complètement, mis à part quand on entend le train passer.  Ça fait décrocher.  Et puis, j'ai cherché un cinéma indépendant qui présentait le film que je voulais voir, puis j'ai trouvé ce petit district à l'est de la gare, ces mignonnes petite rues vivantes.  Je me suis régalé dans un resto Thaï, c'était la première fois depuis toujours ici je pense.  Une chaleur écrasante m'a ramené au cinéma plus tôt, les bobettes me remontaient.  This must be the place, le film, avec Sean Penn qui est absolument ahurissant.  Il faut voir ça. 
Puis, j'ai retrouvé mon quartier, léchant une crème glacée sous un arbre géant dans un parc où des enfants chassaient les papillons, ça ne s'invente pas.  Et j'ai acheté du thé à un français qui vit ici depuis 18 ans et qui m'a demandé quand est-ce que je m'installais...  je lui ai dit dans mon plus bel accent d'aller péter dans les fleurs et ce, sans lui parler de mon resto de poutine délicate dans Harajuku, secret que je garde juste pour moi. 

Bon.  Pis aujourd'hui, j'ai bourlingué avec Kyoko dans un musée et dans les rues après avoir mangé une excellente pizza, on se serait cru à Avignon tellement la chaleur est similaire. L'année prochaine Marie!

Et là, je suis assis dans un Starbucks, sous la climatisation qui me gèle le cou et sous une musique bizarre, je viens d'entendre une chanson de Coldplay version banjo.  Y a du monde partout.  C'est ma dernière soirée de vacances.  Gosh!

Mais pour parler du titre de cette chronique, encore le sens des mots, je voulais juste vous en glisser un sur ce qui s'est passé ici en avril 2011.  Parce que j'en ai parlé avec Kyoko.  Avec elle, on parle de tout.  Elle est magnifique je l'aime d'amour et elle est célibataire, messieurs...  
Bref, quand elle en a vitement parlé les dernières fois, j'ai remarqué qu'elle disait:  you know, the earthquake... ou ... after the earthquake...  
Et aujourd'hui je lui ai dit:  c'est drôle, nous, quand on parle de ça, on parle du tsunami.  On dit pas: le tremblement de terre.  Elle a sourit.  Et a ajouté: yeah but you know, there is no tsunami without earthquake. and anyway, we immediatly knew that it will have a tsunami so...
Je me suis dit que bien sûr nous on a vu la vague, mais eux ils ont eu la totale.  Et la totale, c'est d'abord le tremblement de la terre...  
C'est pas mêlant, j'ai frissonné, malgré l'humidité. 
Ils en parlent comme d'un tremblement de terre. 
Parce que le reste viendrait?  Et qu'on ne peut rien y faire?
She said yes
Et elle a raconté.  
Ils sont sortis de la salle (du Cirque du Soleil pour qui elle travaillait). 
Rapidement. 
Et devant eux, la terre s'est ouverte, complètement. 
Et un arbre s'est enfoncé. 
Il ne restait que la cime dans la craque. 
You know Godzilla after he destroyed a city, it was the same.  And then, no more electricity, no more train, everyone had to walk to go home.  And no news, so we did not kwow how the wave had took everything in the north. 
I never thought to see that in my life.  My mother do not want to go outside since then.  
I lost friends.*

On a traversé la rue vers le Forum international. Et j'ai demandé comment ça se fait que rien n'est tombé. 
Parce que rien à Tokyo n'est tombé.  Et y aurait de quoi. 

On est entré chez Muji parce qu'elle trouve que le protect case de mon iPhone est plate, elle voulait que j'en prenne un funny one.  On a fait semblant de vivre dans une maison Muji, y en avait une dans le magasin, un spécimen de maison moderne. 
On a rejoint Ginza, et on s'est dit à demain. En disant des gougouneries. 
Et ça m'a repassé par la tête: 
il faut que la terre tremble d'abord. 

Le sens des mots et l'ordre des choses.  

*Pour ma mère: Tu sais le film Godzilla, quand il a détruit la ville, c'était la même chose.  Et alors, plus de trains, plus d'électricité, on devait marcher pour entrer chez soi.  Et pas de nouvelles, donc on ne savait pas que la vague avait tout emporté dans le nord.  Je ne pensais pas voir ça dans ma vie.  Ma mère ne veut plus sortir toute seule.  J'ai perdu des amis. 






mardi 17 juillet 2012

Sur le concept des langues

Se retrouver seul d'abord
et réapprendre le silence...
langue difficile.

Puis, se buter constamment à ce qui ne veut pas se dire.  Je sais des mots, j'ai compris le sens des phrases simples, je lis même un peu les lettres.
et pourtant, le silence qui en ressort est encore plus difficile à endurer.

C'est encore un cafouillis immense.  Un autre océan entre nous.
Aujourd'hui, j'ai assisté à une première lecture de Bukkushuppu, La librairie en japonais.
J'ai tout compris.  Et pourtant rien.
Je sais le texte par coeur, le travail que nous avons fait il y a trois ans est là, les nouveaux ont compris, ils sont là, dans la bonne pièce.
Et pourtant rien.  J'essaie de reconnaître les lettres passant de l'anglais au japonais (l'un sur une page, l'autre sur l'autre) et je repère les sons.  Ceux que je sais.  Les autres, un labyrinthe immense.

J'ai acheté un livre super avec des dessins qui expliquent l'origine des kanjis (orthographe de milliers d'idéogrammes venant de la Chine).  Je vois les idées, mais en plus, pour aider, ils ne se disent pas toujours de la même manière.
Y a quand même des trucs qui aident.
Et des belles choses:
子 veut dire enfant.  Ça se dit ko.
学 veut dire apprendre, mana.
Et entre les deux, le chapeau et les lignes au dessus du premier signe, comme une chapeau et une lumière qui s'allume au-dessus de la tête.  Comme un enfant qui apprend. On pourrait dire que apprendre, c'est: enfant qui comprend. Je pousse trop loin le truc, mais c'est beau et quand on tombe dans cette manière de voir, je retiens tout de suite l'affaire.  Comme à l'école, quand on me donnait des formules pour me rappeler les prépositions par exemple.  Ça marchait et ça marche encore.  Mais il reste à apprendre le son (quand y en a juste un, et à le mettre en contexte dans une phrase, ce qui n'est pas chose faite).
Je voudrais en fait tout savoir tout de suite et je pense qu'elle vient de là ma frustration.
Je voudrais pouvoir tout dire, tout de suite.
Combien je me suis trouvé aujourd'hui isolé devant mon équipe, à ne rien comprendre.  À vouloir dire à Cayo, ma Jeanne d'ici qu'elle m'avait manqué.  Rien.  Pas de mots.  Un signe, de quoi dans l'oeil certainement, mais pas un mot.  Je voulais tout savoir et je ne saurai rien.
Ça va la vie? Quoi de neuf?  Vas-tu bien?  Silence

Peut-être que ce n'est pas important.
Peut-être qu'il faut que j'abdique plus et au quotidien aussi.
Peut-être qu'on parle trop.

On a bien ri avec ça les autres semaines, en commandant au resto par exemple.  C'est exotique.  Ça donne lieu à des phrases qui se peuvent pas du genre: je suis une bière s'il vous plaît.  Ça amuse.
Mais je ne peux pas m'empêcher parfois de trouver cela bien triste.  Et grand aussi.  Je suis, comment dire, partagé.
Et me voilà qui passe mon temps à enfiler des mots pour vous dire.
Pour essayer de vous dire.

Ah la philosophie qui remonte quand on est seul.
Je devrais aller au baseball.
Manger des saucisses.








samedi 14 juillet 2012

Une semaine en entier juste pour vous.

Mon Dieu que je vous ai laissé en plan pendant trop longtemps...
Est-ce la température humide et caniculaire qui m'a à ce point ralenti?
Ou encore les trop longues distances à parcourir sans cesse dans le coeur de Tokyo?  Celles qui nous ont toujours fait entrer très tard et très sale?
Ou encore le fait que j'en suis à ma deuxième vie dans cette cité du pays des origines du soleil?

Certainement un peu de toutes ces réponses.  La chaleur, pas besoin de vous faire un dessin.  Pendant que l'ouest du pays est dévoré par des crues mortelles (ah ouin? euh on écoute pas les nouvelles, c'est mon père qui nous l'a appris), ici en ville, il fait une température grasse, pesante, lourde à franchir. Heureusement, l'air est respirable ici, on ne sent pas en plus les odeurs du traffic, presque invisible. Mais le contact humain est coloré des regards alourdis, compatissants, mouillés.
Bref, il fait chaud.

Et comme pour faire exprès, il faut énormément marcher et longtemps pour arriver à son profit.  On ne me croyait pas quand je disais que le centre ville, c'est cent centre-villes.  On ne passe pas allègrement d'un endroit à l'autre sans se taper au minimum 45 minutes de transport.  Et les détours du touriste étourdi que nous sommes nous retardent, souvent pour le mieux disons-le.  Ajoutons à cela notre doux plaisir à se lever tard.  Bref, les journées ne nous donnent pas à voir cent milles choses en une journée.  Un quartier, deux tout au plus...  Un musée.  Des boutiques.

Tokyo la magnifique (en tout cas, pour moi, c'est une vieille amie fidèle qui m'avait manquée) nous entraîne dans ses dédales.  Et on visite au gré des envies, sans trop se forcer à tout voir.  J'aime ça comme ça moi.  Je pense qu'on voit mieux.  Prévoir un peu quand même, mais la beauté des grandes cités réside dans ses racoins inattendus.


En bref:
Visite rapide dans Ueno, musée surtout.  Fred et moi on a finit sur le bord de l'étang à regarder les nénuphars immenses et les pédalos en forme de cygne rose.  Joli parc.

Ginza.  La belle.  La noble.  Avec ses grandes allées, ses boutiques de madame.  Itoya, papeterie de huit étages.  Bonheur aux plaisirs minuscules et d'odeur de papier et d'encre.  Deuxième fois dans le quartier, promenade de nuit à regarder un pâtissier rouler son gâteau aux fruits.  On avait l'air de Cosette en mal d'amour et de sucre.   Pas de Kabuki par contre, le théâtre est en restauration.  Et zut.
Mais aussi hier matin, Guillaume, Amélie et moi dans Tsukiji, marché de poissons célèbre.  On s'est fait prendre dans un endroit interdit.  Pas grave.  On avait vu ce qu'on voulait voir.  Et question ambiance, pas besoin de repasser.

Ebisu.  Nouvel ami.  Pour le musée de la photographie.  Et ses coquettes maisons perchées comme à Roppongi.  En plus calme, plus banlieusard.  Bref, on voit deux expositions magnifiques dont le World press 2011 qui arrache les larmes.  Disons que l'année avait été belle:  printemps arabe  et évidemment, tsunami.  Comment vous dire?  On est dedans là.  Et le monde qui regarde les photos, ce sont eux les acteurs du drame.  Notre regard devient le leur et la réalité est soudainement autre chose qu'un nouvelle au 22h.  Et dans le milieu de tout ça, une vidéo qui raconte comment une équipe d'ici a organisé des séances photos pour des familles qui ont tout perdu, question de leur repartir des souvenirs (heureux), question de leur redonner des traces.  On voit donc les séances, et le résultat, des familles qui rient, d'autres sérieuses, certaines, amputées d'un papa, d'une maman.  C'est dur.  Mais ce qui est plus dur, c'est que les gens qui regardent pleurent, se mouchent discrètement.  La blessure nous arrive, nous enveloppe.  Nous avale.

Roppongi, vieille amie aussi.  Grande complice que je retrouve avec un amour particulier.  On déambule d'une colline à l'autre.  On finit ça au sommet de la tour Mori.  Pour voir la ville s'endormir.  La mer de lumières et de rues et d'infinis.  Qui nous raconte ce qu'on a fait les jours d'avant.  Qui nous raconte encore combien on est tout petit.  Et quand même chanceux.
Roppongi qui ne paie rien pour attendre.  Deux expos majeures que je visiterai seul la semaine prochaine.

Harajuku.  Mon amour.  Ma grande excitée.  Moi, ces rues-là, et toutes possibilités, l'imagination des boutiques, l'élan, j'en prendrais sans arrêt.  J'en avais parlé, mais je le redis, y a de quoi là qui nous confirme qu'une urbanité intelligente, élégante, baveuse et inclusive, ça se peut. On est retourné.  Une fois par défaut, et une autre parce que.  Par défaut, ah oui, pour aller voir les Swallows se faire clancher par l'équipe de Yokohama, 6-1.  Honte.  Mais quel plaisir que de se taper la foule en délire qui a une chanson pour chaque frappeur.  Et pas de médisance sur l'ennemi, pas de chooouuuu, pas de niaiseux, nisaiseux, juste de la bonne humeur grasse et aussi calorifique que le PFK qu'Émile et moi on s'est tapé.
Et aussi, Harajuku pour le Watari Museum, qui présentait un truc sur des artistes anarchistes:  Voina, JR, Chim Pom.

Shibuya, un soir et une autre heure.  Trop le bordel.  Mais faut voir le monde traverser la rue.  C'est mythique.

Et finalement, hier, Shinjuku.  Avec Kyoko, amie et traductrice de la Librairie.  Avec qui je travaille ici dès cette semaine.  Elle a eu la bonté de nous faire voir la ville à travers ses yeux.  Et a séduit le coeur de mes amis.  Bien sûr.  Quelle femme superbe.  Drôle.  Vivante.  Pas de chichi, elle sert tout le monde dans ses bras, et elle nous trouve le karaoke, qui a fini la soirée en beauté, arrosée des tounes de Céline, Bon Jovi, Irene Cara et autres grands succès comme on les aime.  On a perdu la voix et le reste d'eau que nous avions en réserve.

Tokyo donc.
Je me retrouve seul dès demain.
Mais je vous écrirai encore.









mardi 3 juillet 2012

Kilomètres de découvertes.

Que dire depuis le sable blanc de Shirahama?
À rebours.
En repassant chaque kilomètre de chemin de fer que nous avons parcouru depuis quelques jours.
D'où ce silence.
Qui se remplissait d'images fortes et de moments vibrants.
Que dire depuis les quelques heures passées à regarder cette mer calme qui n'est pas sans nous rappeler qu'un jour, elle mangea une partie de ce pays...

Et bien, hier soir, un peu tard, nous avons dû revenir d'Osaka par le train local.  Plus de Shinkansen depuis la grande ville.  Parce qu'en revenant de l'ouest, nous avons décidé de nous arrêter en chemin pour aller manger du boeuf de Kobe à Kobe.
Quelques tergiversations dans les rues tranquilles de la ville à la réputation gastronomique internationale pour terminer chez Mitsu, petit bistro caché dans une semi-ruelle.
Mais ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on ne fait pas du bon steak.  Expérience culinaire hors du commun.  Pas qu'on n'avait pas encore goûté au plaisir de la viande tendre voire fondante (nous avions en effet passé une soirée magnifique dans un resto de Kyoto il y a de cela trois jours, resto où on fait griller ses morceaux bien choisis soi-même) sauf que là, nous sommes tombés sur de quoi de presque divin.  Commander fut une laborieuse activité mais le résultat n'en fût pas moins plus que satisfaisant.

Et comme les nuits sont chaudes et que nous étions dans la petite ville pour la première fois, nous sommes ensuite allé goûter (tant qu'à être parti) les rues animées. Avant goût (je pense que ce sens bien stimulé inspire mon choix de vocabulaire) de quelques quartiers de Tokyo, grouillement festif, hommes un peu ivres, invitations pour le karaoke...  Bref, déambulation estivale qui terminait une  journée (deux plutôt) mémorable.

Mais d'abord une parenthèse:  peut-être est-ce par réflexe, mais nous avons souvent l'impression qu'en dehors de Tokyo, les autres villes seront toutes petites, bourgs aux allures de banlieue, pas trop difficiles à décoder.  Mais non, depuis notre arrivée, chaque nouvel endroit est moment d'étonnements.  Nous sommes si peu habitués qu'en dehors de Montréal, point de salut que nos réflexes nous amènent vite à penser que nous visiterons un village.  Et chaque fois, bang!  Osaka est immense.  Kobe est une grande cité, urbaine à souhait. Et que dire d'Hiroshima.  Fin de la parenthèse.

Mais lien habile:  Hiroshima la jolie.  Principale attraction de ce périple de deux jours.  Nous ne sommes en effet pas revenu dormir chez nous pendant cette escapade.  Nous voulions toucher du ryokan, ce que nous avons fait, et avec luxe mes amis!  Or, mon lien:  Hiroshima.
Nous sommes donc partis il y a de cela deux jours pour Hiroshima, faire notre pèlerinage historique.  On pense encore que la ville sera minuscule, mais dès la descente du train, on voit bien que la célèbre ville est respectablement grande.  Promenade, ramen dans un bouiboui, magasinage forcé (pauvre nous), allée de la paix pour aboutir sur les lieux de commémoration de la bombe atomique de 1945.  Grande place habitée de monuments dédiés à la paix, à l'enfance, au souvenir, on aboutit dans le musée de la bombe, pour se rappeler des faits, de l'horreur, de l'absurde besoin des hommes de se détruire.
Un peu répétitif, les faits sont pourtant bien là et les images et la dévastation nous serrent la gorge.  Mon père est né deux ans après cette guerre immonde. Et des bombes sont encore lancées, et des essais encore faits.  Le dernier en date est américain soit dit en passant. Nos réflexions sont peut-être pastorales, mais peu importe, il n'y a que le silence pour essayer de comprendre.  Et surtout de comprendre que nous sommes encore en guerre.  Au final, c'est beau tout ça, parce que l'espoir (a-t-on le choix d'y croire?), parce que le maire d'Hiroshima écrit à ceux qui s'essaient à chaque fois depuis 1950 une lettre pour rappeler ce qu'ils ont vécu.  Bon, on le sait tout ça, mais ça fesse.

On a dormi à Miyajima, une petite île en face d'Hiroshima, connue pour son temple et la porte de son temple dans l'océan, dans la baie.  On marche encore à travers les daims dans des petites rues un peu trop touristiquement organisées.  Pour aboutir au ryokan, auberge avec des chambres traditionnelles et vue sur la baie brumeuse.  On a droit à des bains dans des onsen, tout compris.  Massage et détente.  La nuit est belle.  Éclairée aux lanternes le long de la route.  Souper délicieux.  On se couche et on dort sous nos grosses couvertes lourdes.  Pour finir le lendemain dans les ruelles et les temples.  Jolis.  Uniques.  À flanc de collines.  Et surtout, pas trop bondées.  Ce n'est pas la haute saison.  Les touristes sont rares.  Bonheur.
Belle nuit. Beau périple.  Belle évasion.

On revient le lendemain sur Hiroshima pour finir au musée d'art contemporain.  Exposition mitigée sur l'art brut.  Promenade en tramway.  Marche sous les arbres mouillés, chargés de vieille pluie et d'humidité.  Et Kobe.  La boucle se referme.

Le Japon est un pays splendide.

Première photo: Le dôme de la bombe.  On ne peut pas ne pas penser à Marie Gignac dans les Sept branches de la rivière Ota: Mais madame Kopeck, vous n'êtes pas une ruine, un monument peut-être mais un ruine certainement pas.

Deuxième photo:  Miyajima.








samedi 30 juin 2012

En passant...

Le décalage.
La découverte.
L'habitude qui se prend.
Trouver ça ben niaiseux maintenant de prendre le métro.
Savoir quel quai nous amène ailleurs.
Et naturellement répondre merci en japonais.
Voyager.

Nous avons pas mal fait le tour des sites majeurs de Kyoto.  Certains que moi j'avais déjà vu.  Le chemin de la philosophie par exemple.  Quelque part sur une colline à l'est. Mais certainement pas les mêmes détours pour s'y rendre et donc, quelques anecdotes.
Ce petit commerce de poissons dans un corridor (comment l'appeler autrement ce marché dans une rue qui en est pas une.... et de toutes façons, c'est pas vraiment un marché.... en tout cas, c'est pas dans un guide Lonely Planet) ce petit commerce donc, qui attire le regard qui attend...  parce que quelqu'un de nous s'est arrêté dans une machine à boissons (y en a partout, vous l'avais-je dit?) et donc bref, on s'y enfonce et tout est fermé, c'est même presque glauque sous les néons désuets, mais là, derrière son comptoir, la mamie vend du poisson...  et ça a l'air bon et on y goûte et Amélie en achète, mais finalement, la mamie nous le donne, on a le goût de la prendre dans nos bras.
Vous voyez le genre?
Mais y a aussi Émile qui découvre Patatornado.  Et qui en achète.  C'est une absurde patate coupée en spirale, enfilée sur un bâton, cuite à l'huile et donc finalement c'est des frites en spirale.  Et comme Émile grandit tout le temps comme un ado fier, il en mange une et Patatornado devient une hymne de notre voyage...  sur l'air de Twist and shout.  Et je ne suis tellement pas en train de vous parler d'un temple Shinto et surtout pas de Shirahama. Mais bon. C'est pas moins drôle.

Vous ai-je parlé de Shirahama et de la fois où je me suis endormi sur du sable blanc dans une position et que je n'ai pas bougé d'un iota et ce, sur le bord de la mer bleu azur?  Je me suis réveillé (pas cuit, trop facile comme punch) et il y avait un masque de plongée et des chips.  Les autres ont eu le temps d'aller acheter un masque pour faire de la plongée en apnée pis aller au Family Mart acheter des chips et faire de la plongée en apnée et manger presque toutes les chips. Bref, j'ai dormi en étole.  Mais c'est pas ça qui compte.  Ce qui compte, c'est le chemin de 3 heures en train vers la mer dans une station balnéaire plutôt ordinaire, du genre très peuplé en été, avec tout ce qui faut et qu'on imagine pour les vacances à la mer ( les jeux d'eau quétaines, les gros hôtels cheap et cordés, la boutique de frisebee et de cornets, en tout cas).  Sauf que là, ici ils ne sont pas encore en vacances ce qui fait que le petit restaurant sur le bord de la mer est désert et on y mange un poisson délicieux et que la plage est déserte, sauf 37 japonais et une famille anglaise qui détonne.

Et la mer juste pour nous. JUSTE POUR NOUS.  Et pour moi, toute la réconciliation du monde.

Parce que la mer (pacifique de surcroît) me réconcilie avec tout et me débarrasse de ce qui traîne depuis trop longtemps. Le trajet en valait la peine et en revenant, on est allé au cinéma.  Tsé du pop corn, c'est toujours bon.  Pis j'ai pas plus de classe ici quand j'en mange que chez nous.

(Pis parenthèse en parlant de la mer, c'est plus fort que nous, on ne peut pas pas penser que y a deux ans bientôt, démontée, elle avala une partie du pays.  On ne peut pas pas y penser.) (On n'est pas grand chose).

Pis aujourd'hui, on arrive de Nara. Mais là on va se coucher, je vous en garde pour demain.
Et si quelqu'un possède un petit local pour ouvrir un Potatornado, on est preneur.
Asa ashita!




mercredi 27 juin 2012

Tu veux ma photo, macaque!

Continuation au pays des geishas.

Visite de Gion, vieux quartier avec déambulation dans des rues connus pour moi, mais toujours aussi intéressantes à revoir.  Les temples de Kyoto sont mythiques.  Et ce gros Buddha blanc qui nous appelle sous un soleil plombant, ça fait la job comme on dit en japonais.

Comment vous dire la joie d'Amélie qui, entrant dans un petit bouiboui pour prendre un café, découvre que le propriétaire fait des imprimés comme elle. Des petites estampes aux couleurs des saisons.  Elle a pris son thé avec lui, bien assise, à le regarder, à baragouiner de l'anglais et à partager des techniques. 

On a pris le train hier pour aller voir les collines en  bordure de la ville, sur lesquelles se cache une tribu de macaques sympathiques.  Marche en nature, à travers les bambous aussi. Avec une vue sur la ville remarquable.  Complètement à l'opposé de la veille.
Le rythme ralentit.
Les regards voient mieux.

Déjà en deux jours, on ne cherche plus tout en ne voyant rien et ce dont nous avons besoin se trouve plus aisément.  C'en est même risible comment finalement tout autour, tout se trouve. Y a toujours les Family Mart pour nous aider, mais que voulez-vous, notre réflexe envers un dépanneur est tout autre qu'ici... Ici, ils sont fort utiles, et on y trouve pas mal tout.  Et y en a pas mal partout.

Mais ce qu'il faut que je vous raconte, c'est la balade à vélo hier.  On a des vélos à la maison

Et hier matin, on est parti Émile, Amélie et moi, explorer le quartier. Allers-retours, détours...  on visite vite et mieux et plus loin.  C'est une arme mobile efficace que nous allons adopter certainement.  La circulation vélo-piéton-voitures est désorganisé aux premiers instants, mais nous comprenons du mieux possible et le plaisir de se faufiler dans cette masse en mouvement est une expérience vibrante.
Chose à ne pas faire, commencer à pointer des trucs: ça détourne l'attention et là, on est dangereux!!!
Le charme, en tout cas, et l'efficacité sont redoutables.

On est en fin de saison des pluies. 
Il fait chaud, humide et plutôt nuageux.
On voulait aller à la mer aujourd'hui, mais on a décidé de s'essayer demain.
C'est pas les activités qui manquent.



lundi 25 juin 2012

Bonsoir, nous sommes partis!

Fled est de retour.
(et ils voyagent avec Fledsan, Amèlisan, Émilusan et Guillaumesan)

Et oui, mes amis, trois ans plus tard, re-bienvenue au pays du soleil levant... Je n'ai pas voulu vous écrire tout de suite dès mon arrivée à cause du décalage est surtout des yeux émerveillés de mes amis qui découvrent sous mon regard amusé les splendeurs des détours de chaque rue. C'est donc un immense plaisir de partager mon plaisir. Et de voir, à travers les yeux des autres ce que j'ai déjà entraperçu.

Parce que, disons-le, rien de neuf, mais tout neuf quand même. Les détours de rues surprennent toujours et les horizons continuent de s'ouvrir. Heureusement.

Nous sommes à Kyoto. Nous avons décidé de nous y baser pour les deux prochaines semaines. Choix éclairé et stratégique. Nous sommes en effet au centre du pays et donc plus proche de plusieurs autres villes et attraits qui sauront certainement nous séduire. Nous sommes arrivés après un périple de 26 heures de déplacements, partant de Montréal jusqu'ici en passant par Toronto, où (bien oui, évidemment Fled pleut pas voyager sans ce genre d'aventures) je n'avais pas de sièges dans l'avion surbooké et donc, des cinq que nous sommes, j'étais le seul pas certain à partir. Fallait voir le détachement olympien des employés de Air Canada me regarder en voulant dire: ben là mon pit, assis-toi pis bois ton café Tim Hortons... Heu... hein? Je m'occupe d'un ado de 15 ans moi madame, je vais pas le laisser partir au Japon tu-seul!
Suis-je en effet trop sur les nerfs?
On est parti tous ensemble. Et donc atterrissage réussi après 13 heures de vol.
Puis, technicalités habituelles de passes de train, de par où on va, puis train vers Kyoto, puis taxi dans des rues pas de nom que même le chauffeur est pas certain pis on arrive dans notre petite maison magnifique et petite mais magnifique. Mais petite. Mais on a tout ce qui faut, allant de la toilette chauffante au frigidaire à la porte qui s'ouvre des deux bords (qui nous rappelle que nous sommes bien archaïque dans notre confort pratique pas pratique du tout). Et puis récupération tranquillement du décalage horaire.
Hier, même si on l'avait voulu, on pouvait pas pas se coucher à 22h. On aurait dit que quelqu'un nous avait empoisonnés.

On a quand même découvert le quartier et plus encore. Parc du Palais impérial. Joueurs de base-ball du troisième âge.
Match de base-ball
Rues.
Passages.
Détours.
Restaurant hipster pour dîner.
Déambulatoire au travers des gens dans les rues commerçantes du coté moderne de la ville que je n'avais pas exploré la première fois. On ira voir la vieille aujourd'hui. Gion. Territoire des geisha.

En tout cas, fallait voir la Nishiki-Kôji (marché de Nishiki), rue couverte aux milles saveurs et aux dix milles odeurs qui font le bonheur d'Émile, qui visiblement, aime l'odeur du poisson. Des couleurs inusités des mini pieuvres à manger sur un bâton de popsicle aux gingembre confit, on se promène au milieu de la foule et des classes d'enfants qui y circulent. Puis, il faut passer aux choses sérieuses: trouver un Supà (supermarket) question de remplir le réfrigérateur (à la porte qui s'ouvre dans les deux sens, je le rappelle) pour les déjeuners que nous aimerons à l'américaine. Bref, journée de découvertes locales et alimentaires. Qui se termine dans un petit resto tout près pour fêter l'anniversaire d'Amélie qui célèbre son année du Christ ici, au pays des Bouddhas: fière compétition théologique.

Et dodo et réveil trop tôt. Et déjeuner américain. et on repart.

Konnichiwa!