jeudi 19 juillet 2012

Encore le sens des mots (and she said yes)

Quand on se retrouve seul après une épopée de trois semaines en compagnie de personnalités toutes un peu cinglées, en tout cas colorées, allant de l'ingénieur à l'ado roux, c'est comme un peu la fin d'un party quand la police sonne à la porte.  Ça déchante vite pas mal.  

J'ai d'abord dû déménager du quartier où nous étions (qui n'était pas le plus reluisant disons-le) pour revenir sur mes anciennes traces d'il y a trois ans: Ikebukuro.  Quartier populaire vu son immense station de trains et de métros, lieu de transition entre la ville et ses banlieues, autrement pas grand chose à voir sinon des magasins pour faire changement et rien de plus.  J'ai quand même retrouvé avec bonheur l'étage B2 de Tobu et ses allées de comptoirs alimentaires bien utiles quand on veut pas se taper une bouffe tu-seul au restaurant.  Avant goût donc du plaisir que j'aurai à transporter ma valise le jour du départ, passant d'une gare à une autre dans la foule et les escaliers et la foule et les escaliers.  Bonheur. 
Je suis donc de retour dans la même bâtisse, le Duplex, au même étage, le 17e, avec vue imprenable sur Shinjuku, Roppongi et Ginza quand on étire le cou vers la gauche.  Je sais qu'au 19e on peut voir Fuji-san, mais tant pis, ce sera pour une autre fois le vieux. 
Je suis donc de retour dans mes habitudes, connaissant les environs, les raccourcis, les bons coups, et les moins bons, les Starbucks (pour internet quand on veut pas passer la soirée enfermé) et les entrées et les sorties du JR.  Je connais même un train qui saute des stations et qui m'amène à Shibuya en 2 temps, en 12 minutes plutôt que 25.  Pas pire hein!

Je me suis donc téléporté ici et j'ai fait du lavage et je me suis vraiment convaincu de pas bouger une journée.  Ce qui n'a pas fonctionné.  J'ai passé presque toute la journée sans me déplacer, ce qui est presqu'un exploit.  Mais bon, avec mon train qui saute des stations, on peut dire que j'ai presque réussi.  Non?  Je suis allé pour aller au cinéma, mais le site internet du Time Out Tokyo est probablement ce qui a de plus désuet comme ressource et je me suis (encore) fait avoir. Que des films en japonais.  Non merci pour là.  

J'ai donc déambulé, fini dans une petite galerie et librairie dans le sous-sol du Parco (centre d'achat)... un lieu que je connaissais et que j'étais content de revoir... mille surprises.  (Avec Kyoko, on a confirmé cette tendance très concrète de la vie au sous-sol.  On a mangé avec elle dans un super resto entre deux stations de métro dans le sous-sol d'un magasin, personne ne le croyait. Ce soir, je viens de souper au huitième étage du magasin Lumine en face de chez nous... et c'était savoureux.  Un tempura de grande classe).
J'ai ensuite replongé dans la folie de Shibuya pour finir tranquillement dans d'autres rues méconnues de Harajuku.  C'est juste beau.  C'est juste ça.  
Je pense que je vais ouvrir un resto de bouffe québécoise dans Harajuku, ça marcherait.  Poutine délicate, le nom du resto, et je vous jure que ce serait pas surprenant comme nom quand on voit ici toutes les affiches aux noms français et qu'y ont juste pas de bon sens: Le magasin de l'herbe étant un des meilleur exemple...
Bref, journée seul à retrouver un rythme normal si on peut dire.

Puis, mardi, j'ai assisté à une lecture de la pièce.  Kyoko m'a dit aujourd'hui qu'ils pensaient que je passerais dire bonjour et partir.  Je suis resté tout l'après-midi entendre deux lectures, sans interprète. Je n'ai rien à ajouter sinon mon dernier blog. 

Puis hier, découverte.  À quelque stations vers l'est de Shinjuku, mais encore dans la folie de l'étalement de la ville, il y a un quartier dont j'avais lu le plus grand bien que je suis allé voir: Kichijoji.  À mi-chemin entre certains quartiers tranquilles de Kyoto, les rues marchandes d'Hiroshima, Harajuku si on est à l'est de la gare et du parc Yoyogi.  Il y a en effet un magnifique parc le long d'un étang qui nous fait oublier la ville complètement, mis à part quand on entend le train passer.  Ça fait décrocher.  Et puis, j'ai cherché un cinéma indépendant qui présentait le film que je voulais voir, puis j'ai trouvé ce petit district à l'est de la gare, ces mignonnes petite rues vivantes.  Je me suis régalé dans un resto Thaï, c'était la première fois depuis toujours ici je pense.  Une chaleur écrasante m'a ramené au cinéma plus tôt, les bobettes me remontaient.  This must be the place, le film, avec Sean Penn qui est absolument ahurissant.  Il faut voir ça. 
Puis, j'ai retrouvé mon quartier, léchant une crème glacée sous un arbre géant dans un parc où des enfants chassaient les papillons, ça ne s'invente pas.  Et j'ai acheté du thé à un français qui vit ici depuis 18 ans et qui m'a demandé quand est-ce que je m'installais...  je lui ai dit dans mon plus bel accent d'aller péter dans les fleurs et ce, sans lui parler de mon resto de poutine délicate dans Harajuku, secret que je garde juste pour moi. 

Bon.  Pis aujourd'hui, j'ai bourlingué avec Kyoko dans un musée et dans les rues après avoir mangé une excellente pizza, on se serait cru à Avignon tellement la chaleur est similaire. L'année prochaine Marie!

Et là, je suis assis dans un Starbucks, sous la climatisation qui me gèle le cou et sous une musique bizarre, je viens d'entendre une chanson de Coldplay version banjo.  Y a du monde partout.  C'est ma dernière soirée de vacances.  Gosh!

Mais pour parler du titre de cette chronique, encore le sens des mots, je voulais juste vous en glisser un sur ce qui s'est passé ici en avril 2011.  Parce que j'en ai parlé avec Kyoko.  Avec elle, on parle de tout.  Elle est magnifique je l'aime d'amour et elle est célibataire, messieurs...  
Bref, quand elle en a vitement parlé les dernières fois, j'ai remarqué qu'elle disait:  you know, the earthquake... ou ... after the earthquake...  
Et aujourd'hui je lui ai dit:  c'est drôle, nous, quand on parle de ça, on parle du tsunami.  On dit pas: le tremblement de terre.  Elle a sourit.  Et a ajouté: yeah but you know, there is no tsunami without earthquake. and anyway, we immediatly knew that it will have a tsunami so...
Je me suis dit que bien sûr nous on a vu la vague, mais eux ils ont eu la totale.  Et la totale, c'est d'abord le tremblement de la terre...  
C'est pas mêlant, j'ai frissonné, malgré l'humidité. 
Ils en parlent comme d'un tremblement de terre. 
Parce que le reste viendrait?  Et qu'on ne peut rien y faire?
She said yes
Et elle a raconté.  
Ils sont sortis de la salle (du Cirque du Soleil pour qui elle travaillait). 
Rapidement. 
Et devant eux, la terre s'est ouverte, complètement. 
Et un arbre s'est enfoncé. 
Il ne restait que la cime dans la craque. 
You know Godzilla after he destroyed a city, it was the same.  And then, no more electricity, no more train, everyone had to walk to go home.  And no news, so we did not kwow how the wave had took everything in the north. 
I never thought to see that in my life.  My mother do not want to go outside since then.  
I lost friends.*

On a traversé la rue vers le Forum international. Et j'ai demandé comment ça se fait que rien n'est tombé. 
Parce que rien à Tokyo n'est tombé.  Et y aurait de quoi. 

On est entré chez Muji parce qu'elle trouve que le protect case de mon iPhone est plate, elle voulait que j'en prenne un funny one.  On a fait semblant de vivre dans une maison Muji, y en avait une dans le magasin, un spécimen de maison moderne. 
On a rejoint Ginza, et on s'est dit à demain. En disant des gougouneries. 
Et ça m'a repassé par la tête: 
il faut que la terre tremble d'abord. 

Le sens des mots et l'ordre des choses.  

*Pour ma mère: Tu sais le film Godzilla, quand il a détruit la ville, c'était la même chose.  Et alors, plus de trains, plus d'électricité, on devait marcher pour entrer chez soi.  Et pas de nouvelles, donc on ne savait pas que la vague avait tout emporté dans le nord.  Je ne pensais pas voir ça dans ma vie.  Ma mère ne veut plus sortir toute seule.  J'ai perdu des amis. 






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