mardi 3 juillet 2012

Kilomètres de découvertes.

Que dire depuis le sable blanc de Shirahama?
À rebours.
En repassant chaque kilomètre de chemin de fer que nous avons parcouru depuis quelques jours.
D'où ce silence.
Qui se remplissait d'images fortes et de moments vibrants.
Que dire depuis les quelques heures passées à regarder cette mer calme qui n'est pas sans nous rappeler qu'un jour, elle mangea une partie de ce pays...

Et bien, hier soir, un peu tard, nous avons dû revenir d'Osaka par le train local.  Plus de Shinkansen depuis la grande ville.  Parce qu'en revenant de l'ouest, nous avons décidé de nous arrêter en chemin pour aller manger du boeuf de Kobe à Kobe.
Quelques tergiversations dans les rues tranquilles de la ville à la réputation gastronomique internationale pour terminer chez Mitsu, petit bistro caché dans une semi-ruelle.
Mais ce n'est pas parce qu'on est petit qu'on ne fait pas du bon steak.  Expérience culinaire hors du commun.  Pas qu'on n'avait pas encore goûté au plaisir de la viande tendre voire fondante (nous avions en effet passé une soirée magnifique dans un resto de Kyoto il y a de cela trois jours, resto où on fait griller ses morceaux bien choisis soi-même) sauf que là, nous sommes tombés sur de quoi de presque divin.  Commander fut une laborieuse activité mais le résultat n'en fût pas moins plus que satisfaisant.

Et comme les nuits sont chaudes et que nous étions dans la petite ville pour la première fois, nous sommes ensuite allé goûter (tant qu'à être parti) les rues animées. Avant goût (je pense que ce sens bien stimulé inspire mon choix de vocabulaire) de quelques quartiers de Tokyo, grouillement festif, hommes un peu ivres, invitations pour le karaoke...  Bref, déambulation estivale qui terminait une  journée (deux plutôt) mémorable.

Mais d'abord une parenthèse:  peut-être est-ce par réflexe, mais nous avons souvent l'impression qu'en dehors de Tokyo, les autres villes seront toutes petites, bourgs aux allures de banlieue, pas trop difficiles à décoder.  Mais non, depuis notre arrivée, chaque nouvel endroit est moment d'étonnements.  Nous sommes si peu habitués qu'en dehors de Montréal, point de salut que nos réflexes nous amènent vite à penser que nous visiterons un village.  Et chaque fois, bang!  Osaka est immense.  Kobe est une grande cité, urbaine à souhait. Et que dire d'Hiroshima.  Fin de la parenthèse.

Mais lien habile:  Hiroshima la jolie.  Principale attraction de ce périple de deux jours.  Nous ne sommes en effet pas revenu dormir chez nous pendant cette escapade.  Nous voulions toucher du ryokan, ce que nous avons fait, et avec luxe mes amis!  Or, mon lien:  Hiroshima.
Nous sommes donc partis il y a de cela deux jours pour Hiroshima, faire notre pèlerinage historique.  On pense encore que la ville sera minuscule, mais dès la descente du train, on voit bien que la célèbre ville est respectablement grande.  Promenade, ramen dans un bouiboui, magasinage forcé (pauvre nous), allée de la paix pour aboutir sur les lieux de commémoration de la bombe atomique de 1945.  Grande place habitée de monuments dédiés à la paix, à l'enfance, au souvenir, on aboutit dans le musée de la bombe, pour se rappeler des faits, de l'horreur, de l'absurde besoin des hommes de se détruire.
Un peu répétitif, les faits sont pourtant bien là et les images et la dévastation nous serrent la gorge.  Mon père est né deux ans après cette guerre immonde. Et des bombes sont encore lancées, et des essais encore faits.  Le dernier en date est américain soit dit en passant. Nos réflexions sont peut-être pastorales, mais peu importe, il n'y a que le silence pour essayer de comprendre.  Et surtout de comprendre que nous sommes encore en guerre.  Au final, c'est beau tout ça, parce que l'espoir (a-t-on le choix d'y croire?), parce que le maire d'Hiroshima écrit à ceux qui s'essaient à chaque fois depuis 1950 une lettre pour rappeler ce qu'ils ont vécu.  Bon, on le sait tout ça, mais ça fesse.

On a dormi à Miyajima, une petite île en face d'Hiroshima, connue pour son temple et la porte de son temple dans l'océan, dans la baie.  On marche encore à travers les daims dans des petites rues un peu trop touristiquement organisées.  Pour aboutir au ryokan, auberge avec des chambres traditionnelles et vue sur la baie brumeuse.  On a droit à des bains dans des onsen, tout compris.  Massage et détente.  La nuit est belle.  Éclairée aux lanternes le long de la route.  Souper délicieux.  On se couche et on dort sous nos grosses couvertes lourdes.  Pour finir le lendemain dans les ruelles et les temples.  Jolis.  Uniques.  À flanc de collines.  Et surtout, pas trop bondées.  Ce n'est pas la haute saison.  Les touristes sont rares.  Bonheur.
Belle nuit. Beau périple.  Belle évasion.

On revient le lendemain sur Hiroshima pour finir au musée d'art contemporain.  Exposition mitigée sur l'art brut.  Promenade en tramway.  Marche sous les arbres mouillés, chargés de vieille pluie et d'humidité.  Et Kobe.  La boucle se referme.

Le Japon est un pays splendide.

Première photo: Le dôme de la bombe.  On ne peut pas ne pas penser à Marie Gignac dans les Sept branches de la rivière Ota: Mais madame Kopeck, vous n'êtes pas une ruine, un monument peut-être mais un ruine certainement pas.

Deuxième photo:  Miyajima.








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