mardi 17 juillet 2012

Sur le concept des langues

Se retrouver seul d'abord
et réapprendre le silence...
langue difficile.

Puis, se buter constamment à ce qui ne veut pas se dire.  Je sais des mots, j'ai compris le sens des phrases simples, je lis même un peu les lettres.
et pourtant, le silence qui en ressort est encore plus difficile à endurer.

C'est encore un cafouillis immense.  Un autre océan entre nous.
Aujourd'hui, j'ai assisté à une première lecture de Bukkushuppu, La librairie en japonais.
J'ai tout compris.  Et pourtant rien.
Je sais le texte par coeur, le travail que nous avons fait il y a trois ans est là, les nouveaux ont compris, ils sont là, dans la bonne pièce.
Et pourtant rien.  J'essaie de reconnaître les lettres passant de l'anglais au japonais (l'un sur une page, l'autre sur l'autre) et je repère les sons.  Ceux que je sais.  Les autres, un labyrinthe immense.

J'ai acheté un livre super avec des dessins qui expliquent l'origine des kanjis (orthographe de milliers d'idéogrammes venant de la Chine).  Je vois les idées, mais en plus, pour aider, ils ne se disent pas toujours de la même manière.
Y a quand même des trucs qui aident.
Et des belles choses:
子 veut dire enfant.  Ça se dit ko.
学 veut dire apprendre, mana.
Et entre les deux, le chapeau et les lignes au dessus du premier signe, comme une chapeau et une lumière qui s'allume au-dessus de la tête.  Comme un enfant qui apprend. On pourrait dire que apprendre, c'est: enfant qui comprend. Je pousse trop loin le truc, mais c'est beau et quand on tombe dans cette manière de voir, je retiens tout de suite l'affaire.  Comme à l'école, quand on me donnait des formules pour me rappeler les prépositions par exemple.  Ça marchait et ça marche encore.  Mais il reste à apprendre le son (quand y en a juste un, et à le mettre en contexte dans une phrase, ce qui n'est pas chose faite).
Je voudrais en fait tout savoir tout de suite et je pense qu'elle vient de là ma frustration.
Je voudrais pouvoir tout dire, tout de suite.
Combien je me suis trouvé aujourd'hui isolé devant mon équipe, à ne rien comprendre.  À vouloir dire à Cayo, ma Jeanne d'ici qu'elle m'avait manqué.  Rien.  Pas de mots.  Un signe, de quoi dans l'oeil certainement, mais pas un mot.  Je voulais tout savoir et je ne saurai rien.
Ça va la vie? Quoi de neuf?  Vas-tu bien?  Silence

Peut-être que ce n'est pas important.
Peut-être qu'il faut que j'abdique plus et au quotidien aussi.
Peut-être qu'on parle trop.

On a bien ri avec ça les autres semaines, en commandant au resto par exemple.  C'est exotique.  Ça donne lieu à des phrases qui se peuvent pas du genre: je suis une bière s'il vous plaît.  Ça amuse.
Mais je ne peux pas m'empêcher parfois de trouver cela bien triste.  Et grand aussi.  Je suis, comment dire, partagé.
Et me voilà qui passe mon temps à enfiler des mots pour vous dire.
Pour essayer de vous dire.

Ah la philosophie qui remonte quand on est seul.
Je devrais aller au baseball.
Manger des saucisses.








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