samedi 14 juillet 2012

Une semaine en entier juste pour vous.

Mon Dieu que je vous ai laissé en plan pendant trop longtemps...
Est-ce la température humide et caniculaire qui m'a à ce point ralenti?
Ou encore les trop longues distances à parcourir sans cesse dans le coeur de Tokyo?  Celles qui nous ont toujours fait entrer très tard et très sale?
Ou encore le fait que j'en suis à ma deuxième vie dans cette cité du pays des origines du soleil?

Certainement un peu de toutes ces réponses.  La chaleur, pas besoin de vous faire un dessin.  Pendant que l'ouest du pays est dévoré par des crues mortelles (ah ouin? euh on écoute pas les nouvelles, c'est mon père qui nous l'a appris), ici en ville, il fait une température grasse, pesante, lourde à franchir. Heureusement, l'air est respirable ici, on ne sent pas en plus les odeurs du traffic, presque invisible. Mais le contact humain est coloré des regards alourdis, compatissants, mouillés.
Bref, il fait chaud.

Et comme pour faire exprès, il faut énormément marcher et longtemps pour arriver à son profit.  On ne me croyait pas quand je disais que le centre ville, c'est cent centre-villes.  On ne passe pas allègrement d'un endroit à l'autre sans se taper au minimum 45 minutes de transport.  Et les détours du touriste étourdi que nous sommes nous retardent, souvent pour le mieux disons-le.  Ajoutons à cela notre doux plaisir à se lever tard.  Bref, les journées ne nous donnent pas à voir cent milles choses en une journée.  Un quartier, deux tout au plus...  Un musée.  Des boutiques.

Tokyo la magnifique (en tout cas, pour moi, c'est une vieille amie fidèle qui m'avait manquée) nous entraîne dans ses dédales.  Et on visite au gré des envies, sans trop se forcer à tout voir.  J'aime ça comme ça moi.  Je pense qu'on voit mieux.  Prévoir un peu quand même, mais la beauté des grandes cités réside dans ses racoins inattendus.


En bref:
Visite rapide dans Ueno, musée surtout.  Fred et moi on a finit sur le bord de l'étang à regarder les nénuphars immenses et les pédalos en forme de cygne rose.  Joli parc.

Ginza.  La belle.  La noble.  Avec ses grandes allées, ses boutiques de madame.  Itoya, papeterie de huit étages.  Bonheur aux plaisirs minuscules et d'odeur de papier et d'encre.  Deuxième fois dans le quartier, promenade de nuit à regarder un pâtissier rouler son gâteau aux fruits.  On avait l'air de Cosette en mal d'amour et de sucre.   Pas de Kabuki par contre, le théâtre est en restauration.  Et zut.
Mais aussi hier matin, Guillaume, Amélie et moi dans Tsukiji, marché de poissons célèbre.  On s'est fait prendre dans un endroit interdit.  Pas grave.  On avait vu ce qu'on voulait voir.  Et question ambiance, pas besoin de repasser.

Ebisu.  Nouvel ami.  Pour le musée de la photographie.  Et ses coquettes maisons perchées comme à Roppongi.  En plus calme, plus banlieusard.  Bref, on voit deux expositions magnifiques dont le World press 2011 qui arrache les larmes.  Disons que l'année avait été belle:  printemps arabe  et évidemment, tsunami.  Comment vous dire?  On est dedans là.  Et le monde qui regarde les photos, ce sont eux les acteurs du drame.  Notre regard devient le leur et la réalité est soudainement autre chose qu'un nouvelle au 22h.  Et dans le milieu de tout ça, une vidéo qui raconte comment une équipe d'ici a organisé des séances photos pour des familles qui ont tout perdu, question de leur repartir des souvenirs (heureux), question de leur redonner des traces.  On voit donc les séances, et le résultat, des familles qui rient, d'autres sérieuses, certaines, amputées d'un papa, d'une maman.  C'est dur.  Mais ce qui est plus dur, c'est que les gens qui regardent pleurent, se mouchent discrètement.  La blessure nous arrive, nous enveloppe.  Nous avale.

Roppongi, vieille amie aussi.  Grande complice que je retrouve avec un amour particulier.  On déambule d'une colline à l'autre.  On finit ça au sommet de la tour Mori.  Pour voir la ville s'endormir.  La mer de lumières et de rues et d'infinis.  Qui nous raconte ce qu'on a fait les jours d'avant.  Qui nous raconte encore combien on est tout petit.  Et quand même chanceux.
Roppongi qui ne paie rien pour attendre.  Deux expos majeures que je visiterai seul la semaine prochaine.

Harajuku.  Mon amour.  Ma grande excitée.  Moi, ces rues-là, et toutes possibilités, l'imagination des boutiques, l'élan, j'en prendrais sans arrêt.  J'en avais parlé, mais je le redis, y a de quoi là qui nous confirme qu'une urbanité intelligente, élégante, baveuse et inclusive, ça se peut. On est retourné.  Une fois par défaut, et une autre parce que.  Par défaut, ah oui, pour aller voir les Swallows se faire clancher par l'équipe de Yokohama, 6-1.  Honte.  Mais quel plaisir que de se taper la foule en délire qui a une chanson pour chaque frappeur.  Et pas de médisance sur l'ennemi, pas de chooouuuu, pas de niaiseux, nisaiseux, juste de la bonne humeur grasse et aussi calorifique que le PFK qu'Émile et moi on s'est tapé.
Et aussi, Harajuku pour le Watari Museum, qui présentait un truc sur des artistes anarchistes:  Voina, JR, Chim Pom.

Shibuya, un soir et une autre heure.  Trop le bordel.  Mais faut voir le monde traverser la rue.  C'est mythique.

Et finalement, hier, Shinjuku.  Avec Kyoko, amie et traductrice de la Librairie.  Avec qui je travaille ici dès cette semaine.  Elle a eu la bonté de nous faire voir la ville à travers ses yeux.  Et a séduit le coeur de mes amis.  Bien sûr.  Quelle femme superbe.  Drôle.  Vivante.  Pas de chichi, elle sert tout le monde dans ses bras, et elle nous trouve le karaoke, qui a fini la soirée en beauté, arrosée des tounes de Céline, Bon Jovi, Irene Cara et autres grands succès comme on les aime.  On a perdu la voix et le reste d'eau que nous avions en réserve.

Tokyo donc.
Je me retrouve seul dès demain.
Mais je vous écrirai encore.









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