jeudi 27 août 2009

Tites plaques rouges et première journée de répétition

Salut ami(e)s

Le jour se lève sur ce vendredi ensoleillé. J'entends encore et toujours le métro passer quelques mètres plus bas, la ville se réveille et j'entame ma deuxième journée de travail. Pourquoi je n'ai pas pris la peine d'écrire hier soir en entrant? Bonne question. Parce que, oh my god, j'étais exténué. On ne peut demander à un cerveau de tout faire en même temps et ce, en trois langues dont une qui a l'air d'une série de sons incompréhensible.
Je vous entends: il devait être nerveux, genre poussée d'eczéma dans le front. Et bien... oui!

La salle de répétition est à dix minutes à pied dans un quartier résidentiel très calme. On est dans une ancienne école primaire.
Première chose, bien sûr, enlever ses souliers et mettre les tites gougounes vertes faites pour des pieds de japonais. Kyoko, qui me regarde essayer de rentrer dedans, me dit qu'elle ne comprend pas, ils sont fait pour son père. Ah nous les géants américains!
On monte à l'étage et on attend. Mieko et Ken (respectivement Petra et Samuel) sont déjà là. On se présente. Mieko est nerveuse, elle n'a pas dormi me dit-elle. Je leur dit Hajememashite (enchanté) et ils sont super contents que je leur parle japonais. Ça dégèle un peu l'affaire en effet.
Puis, arrivent plein de monde de la production. Puis, Cayo (Jeanne) puis Yasuhiro (Victor) qui en passant mesure 6 pieds 3 (oui oui) (cela dit, j'ai pas vérifié ses pieds). Même chose, sourires timides, regards au sol. De toutes parts.
Tsé, on peut même pas parler de la météo pour dire n'importe quoi. Je ne prends pas la parole tout de suite. On présente les maquettes, les tissus pour les costumes....
Mais quand vient le temps, le coeur me vire trois fois, je sens des tites plaques rouges...

Konnichiwa.
So, I guess you speak english? (on m'avait dit que oui)
Malaise.

PERSONNE NE PARLE ANGLAIS.

Je sais, j'ai une interprète avec moi. Il faut s'habituer. C'est pas grave, je sais, mais pour dégeler une première répétition, y rien de plus inutile. Tous écoutent religieusement. J'explique pourquoi La Librairie, comment on a monté le spectacle. Rien. Aucune réaction. Autour d'un bol de nouille soba et tempura sur l'heure du dîner, Kyoko me rassure. Les japonais écoutent attentivement, déformation qui leur vient de l'école. Ils sont gênés, me dit-elle, mais tout se passe bien. Rien n'annonçait cela je vous jure.

La journée avance. La première lecture est géniale.
Ils sont très bons, et on retrouve le ton de la pièce. Parfois, je ne regarde même pas mon texte (qui est divisé en deux, à gauche en anglais et à droite en japonais avec des numéros à chaque réplique pour que je puisse me retrouver) parce que je sais exactement ce qui se passe. C'est pas comme si on l'avait joué ce show là. Évidemment, je l'ai dans le corps. Pause et travail. On parle des personnages, de l'univers, la totale comme d'habitude et on relit avec arrêts.
Ça y est c'est parti, je dirige des acteurs japonais.
Des fois, j'oublie l'interprète et je parle trop, alors elle me dit d'arrêter de parler parce qu'elle se rappelle pas tout. On travaille sur la traduction aussi, Marc et moi, on décèle par moment les passages qui ne fonctionnent pas parce que, pense-t-on, la phrase n'est pas juste. Alors, s'engagent des discussions en japonais sur ce que ça doit être. On écoute. On essaie et soudainement, nous compris, on sait que c'est ça. Ils ont trouvé. On a trouvé.

On a fait notre journée. On a passé à travers et là, on est allé prendre un verre. Petit resto dans un sous-sol (vous avais-je dit que tout est empilé, on entre dans une bâtisse en pensant qu'il n'y a rien et il y a douze restos, trois coiffeurs, etc.) Un truc sympa et simple pour prendre un verre entre collègues comme le font les japonais en fin de journée. Les petits plats s'empilent sur la table, comme des tapas. On pensait prendre une bouchée et manger plus tard mais au final, on s'est bourré la face: poissons crus, cuits, racines de bardane et poudre de thé vert, nouilles, chou, pois qu'il faut écosser (ça ressemble à des gourganes), calmars marinés et plus encore. On jase, on s'apprend des mots, on décide que ce soir, on ira manger pour se souhaiter la bienvenue (??) dans un BBQ nippon.
Kampaï!
La soirée se termine à l'entrée du métro, on se sépare, tout le monde est relax. Ken me prend dans ses bras, et Marc aussi... Je pense qu'on est une équipe maintenant.
La seule chose qui est plate, c'est qu'on peut pas se parler de tout et de rien de même, impulsivement. On verra. Peut-être trouverons-nous comment d'ici deux semaines.

Allez, j'y retourne.



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